Des obsèques à l’image du défunt
Organiser nos funérailles comme un événement ultime et accompagner la famille dans cette étape douloureuse, c’est la mission quotidienne de Valery Guyot-Sionnest, funeral planner. Une aventure dans laquelle elle s’est lancée il y a sept ans après un joli parcours dans l’industrie du luxe. « Passé cinquante ans, j’ai eu envie de mettre davantage de sens dans mon métier. Mes points forts étaient mon sens de l’organisation et mon goût pour les autres. Le milieu du funéraire m’est apparu comme une évidence. Il y avait beaucoup à faire dans ce secteur particulier », raconte-t-elle.
L’ouverture d’une agence funéraire qui tourne court
Elle se lance alors dans une formation de dirigeante dans le funéraire à Bondy, tout en assurant son poste de directrice de la communication, et sort major de sa promo. Sans tarder, elle ouvre sa propre agence dans le 16ème arrondissement de Paris, mais dans un contexte difficile, l’expérience n’aboutit pas. Elle met alors son expérience au service du Groupe Funecap, acteur majeur du funéraire en France.
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Une présence constante et apaisante pour la famille
Elle rapporte des États-Unis le concept de funeral planner, un métier qui met l’accent sur l’accompagnement des proches endeuillés et la personnalisation des funérailles. « Quand je prends en charge l’organisation d’obsèques pour une famille, je ne la quitte pas pendant une semaine. Mon rôle, c’est de l’aider à créer une cérémonie d’hommage à la hauteur de son amour pour celui ou celle qui les a quittés », explique Valery. Cette professionnelle peut se rendre en pleine nuit au domicile du défunt pour épauler la famille dès les premiers instants. « Se retrouver face à un corps inanimé, même quand il s’agit d’un proche, peut être terriblement angoissant. Ma présence aux côtés de la famille est apaisante. ». A chaque étape, elle fait le trait d’union entre ses collègues du funéraire et les proches, leur explique chaque geste et accueille leurs éventuelles inquiétudes.
Funeral planner, le sur-mesure du funéraire
Envoi des faire-part, parution dans la presse, venue des proches, choix du traiteur… Valery se charge de l’organisation de la cérémonie de A à Z. « Mais pour écrire le scénario de cette journée, je m’intéresse à leur histoire. Parfois, la famille ne me dit rien. Je dois percevoir le moindre signe, comprendre ce qui se joue entre les différents membres de la famille, déceler un besoin, une envie pour que cette cérémonie soit réussie et ait du sens ». Avec elle, tout est personnalisable et réalisable. Ainsi, Valery a mis à profit son expérience personnelle et professionnelle pour répondre aux souhaits de la petite-fille de Juliette Gréco, Julie Amour-Rossini, lors des funérailles de sa grand-mère : qu’elle repose dans un cercueil blanc et effectue son dernier voyage dans une limousine immaculée, comme ceux qu’elle avait choisis pour son époux, Gérard Jouannest, deux ans auparavant.
Une course contre la montre
Le délai autorisé pour l’organisation des obsèques en France (six jours ouvrés maximum) transforme certaines missions en course contre la montre. Et ce n’est pas pour lui déplaire. Pour les obsèques d’un jeune et brillant entrepreneur, Valery a fait réaliser en un temps record (3 jours… et 3 nuits !), et dans un contexte particulier de canicule et de crise sanitaire, des masques en dentelle et des éventails noirs pour les femmes de la famille.
La répétition des discours d’enterrement
Parfois, elle se transforme aussi en coach d’art oratoire. « La veille de la cérémonie, j’ai fait répéter les discours pour l’enterrement à cinq proches du défunt. Ils avaient besoin d’être rassurés », se souvient-elle. Pour tous les aspects logistiques, Valery Guyot-Sionnest s’appuie sur le savoir-faire et les équipes du groupe Funecap dont elle est partenaire. Elle réfléchit au lancement d’une formation dédiée au nouveau métier de funeral planner. « Aucun défunt ne ressemble à un autre, et c’est sa personnalité qu’on doit retrouver pour ce dernier au revoir. C’est un métier d’avenir ».
Une œuvre d’art funéraire d’exception
Les obsèques d’Agnès Varda, de Guy Bedos, ou de Stéphanie Montfermé, l’entrée au Panthéon de l’écrivain Maurice Genevoix… Valery en était soit le chef d’orchestre, soit en soutien d’une agence de pompes funèbres. Dernier challenge en date : la réalisation d’une chapelle pour un homme d’affaires décédé à l’âge de 49 ans. Conçu comme un Arc de Triomphe, cette œuvre d’art funéraire validée par des architectes des Bâtiments de France, sera construite en marbre blanc de Carrare et ornée de vitraux réalisés par un célèbre atelier. Les hommes de l’Art conçoivent et réalisent toutes les étapes de cette création unique, et Valery accompagne la famille tout au long de ce projet.
Des contrats-obsèques très détaillés
En tant que funeral planner, Valery propose aussi aux vivants de préparer leur départ. « Tout au long de notre existence, nous déployons beaucoup d’énergie à organiser chaque instant de notre vie, mais dès qu’il s’agit d’anticiper notre départ, c’est le déni absolu. » Par ses conseils, elle aide certains à franchir le pas. « La plupart des contrats font 1 à 2 pages. Les miens peuvent atteindre 100 pages. Le choix des fleurs, le texte du faire-part, le choix des personnes présentes, la musique diffusée à l’enterrement… Tout y est consigné. J’exauce tous les souhaits du futur défunt, même s’ils peuvent paraître futiles. Ce qui compte, c’est que cet acte l’aide à se sentir plus serein. »
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