Pendant longtemps, les couples hongkongais devaient se battre pour offrir une sépulture à leur bébé. Traitées comme des “déchets médicaux”, les familles ne pouvaient alors pas récupérer le corps de leur enfant. Face à la douleur des parents, le gouvernement a amendé en 2018 une réglementation sur ces fœtus, leur ouvrant ainsi la possibilité à la crémation.
À Hong Kong, existe depuis 2022 un lieu unique nommé “La Maison de l’amour éternel”. Dans ce crématorium dédié aux bébés décédés avant six mois de grossesse, les couples en deuil peuvent venir disperser les cendres dans un jardin prévu à cet effet.
Des cérémonies inspirées du rituel du coucher des bébés
Avant de procéder à la crémation, proposée gratuitement, le crématorium organise une cérémonie. Inspirée du rituel de coucher des tout-petits, la boîte contenant le corps du bébé est placée dans une cavité à l’intérieur d’un petit autel. Les parents éteignent ensuite la lumière et ferment la porte de la pièce, comme s’ils mettaient leur bébé au lit pour la nuit, symbolisant le dernier adieu.
“Notre première mission est d’apaiser la douleur des familles et d’essayer de les tranquilliser au moment de la cérémonie funéraire et des adieux.”, explique Benny Lee, le fondateur du projet. “Nous voulons que les familles sentent que leur proche ne part pas pour un terrain vague.”, ajoute son associé, Paul Mui.
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Des bébés longtemps considérés comme des “déchets médicaux”
La réglementation hongkongaise stipulait jusqu’en 2018 que les enfants décédés à moins de 24 semaines devaient être considérés comme des “déchets médicaux” et jetés à la décharge.
En comparaison, en France, les parents ont la possibilité de procéder à l’inhumation ou à la crémation de leur bébé né vivant et viable depuis la loi du 8 janvier 1993. Pour les enfants nés vivants et non viables ou les bébés mort-nés avant 22 semaines de grossesse ou ayant un poids d’au moins 500 grammes, il faudra attendre la loi du 30 novembre 2001. Dans ce cas, les parents disposent de dix jours pour réclamer le corps et organiser des obsèques.
À Hong Kong, le changement est intervenu suite à une mobilisation de professionnels de santé et de citoyens. Les autorités refusaient de rendre à un couple le corps de leur bébé. Leur arrachant ainsi la possibilité d’honorer la mémoire de leur enfant. Une pétition signée par plus de 10 000 professionnels de santé et membres des cultes a finalement permis de faire bouger les choses.
Ce nouveau texte a aussi permis la création de carrés dédiés à l’inhumation de ces fœtus, des espaces verts entretenus par le gouvernement.
Lok, une maman contrainte d’avorter à 20 semaines de grossesse, a opté pour l’un d’eux. Dans le cimetière de Cape Collinson, à l’est de la région, chaque sépulture est marquée d’une pierre sur laquelle est peint un éléphant endormi.
“Le fait d’avoir un dispositif de funérailles m’a aidée pour me sentir apaisée. Quand tout a été réglé, cela a marqué pour moi la fin. Personne ne souhaite que le corps d’un membre de sa famille ne soit traité comme un déchet.”, confie-t-elle
Le tabou autour du deuil périnatal dans cette région se lève peu à peu.
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