Bertrand, 64 ans, a vécu une expérience de mort imminente (EMI) en avril 2011. Depuis, il a développé de nombreux troubles. Témoignage.
Le 1er avril 2011, j’ai vécu une expérience de mort imminente. Je venais de dîner avec des amis et je me sentais très fatigué. Je suis donc parti me coucher. Une heure après, quand ma femme m’a rejoint, je lui ai fait part d’une forte douleur dans la poitrine. Par chance, elle a appelé le SAMU et m’a emmené aux urgences du Mans, où dès mon arrivée, on m’a posé des électrodes. C’est au moment où l’infirmière s’est éloignée pour demander l’avis d’un médecin, que je me suis assis sur le bord du lit, pensant aller mieux, et que je suis tombé sur le sol. Mon cœur s’était arrêté.
Un grand tunnel sans fin
Pendant cette expérience de mort imminente, j’ai le souvenir de mes premières perceptions ou sensations : j’ai eu l’impression d’entrer dans un grand tunnel avec des couleurs vives et violentes, bruyant, comme si je tombais dans un précipice sans fond. Pris de nausées et de panique, j’avais l’impression de découvrir l’enfer. Puis, dans un bruit infernal, tout s’est arrêté subitement. Je me revois, assis au sol, entouré de grottes dégoulinant d’humidité, de personnages hideux et de vilains oiseaux. Dans cet endroit affreux, j’ai entendu une voix qui me disait : « Ne reste pas ici. Tu n’en ressortiras jamais. Tu n’as rien fait pour mériter cela ».
J’ai vu mon frère mort qui m’a dit : « Pas toi redescends »
J’ai alors perçu à nouveau beaucoup d’agitation autour de moi. Malgré la douleur ressentie dans tout mon corps, j’ai éprouvé une grande confiance dans l’équipe médicale et me suis endormi dans un sommeil profond. Enfin, j’ai ressenti du bien être. J’ai eu la sensation de m’envoler à grande vitesse autour de la terre et j’ai vu la carte du monde défiler au-dessus de mon lit. Je cherchais un endroit où me poser quand tout à coup, dans une lumière très vive, j’ai aperçu le visage de mon frère, décédé récemment. Tout en levant les yeux au ciel, il m’a dit : « Pas toi redescends ».
Je ne comprenais pas pourquoi je devais redescendre sur cette terre. A cet instant, j’étais si bien, apaisé, heureux. Mais mon frère insista et m’expliqua que je n’avais rien à faire ici. Je ne comprenais pas pourquoi il avait le droit de vivre ce bonheur et pas moi. Il m’expliqua que, sur terre, ma famille avait encore besoin de moi. Et la sienne, n’avait-elle pas besoin de lui ? Je vis à cet instant tous les visages de mes proches décédés dans un flou rapide. J’ai tendu la main droite vers eux mais aucun ne la saisit. Les larmes me coulaient des yeux tel un torrent et j’ai encore supplié qu’un seul m’accepte ou me parle mais en vain.
J’ai choisi de revenir pour ma famille
Je me suis alors retrouvé seul, puis une silhouette vêtue de blanc et bleu, sans visage m’a dit d’une petite voix que j’avais le choix : rester ou redescendre. J’étais conscient que le fait de revenir sur terre serait synonyme de souffrance mais je ressentais l’amour de ma famille terrienne et toute la peine qu’ils auraient. Mon choix fut de revenir vers eux. Une décision que j’ai prise pour eux. La transition fut brutale. Un mal être s’est emparé de mon corps. Puis j’ai entendu la voix de Marie, une infirmière que j’entendais souvent pendant mon coma et qui était pour moi d’un grand réconfort.
Je ne suis plus le même
Depuis cette expérience, je sais qu’il existe quelque chose de beau après la mort (laquelle ne me fait pas peur, ce qui me terrifie, c’est l’approche de la mort). Et cela concerne tout le monde, croyant ou non et toutes religions confondues. Mais, un morceau de moi est resté ailleurs.
Depuis 9 ans, je ne suis plus le même. Je n’arrive pas à me concentrer sur des activités de la vie courante (la conduite, le bricolage etc.…), je n’arrive plus à lire, me poser et tout simplement ne rien faire. Les nuits sont parfois infernales : je me réveille parfois avec les yeux grands ouverts et avec des douleurs de tête. Parfois, je me sens étranger à ce monde. Je me sens inutile ici-bas et peine à me supporter. Je pense ne plus être le même qu’avant. Mes proches semblent le ressentir aussi. Et je me demande souvent si j’ai fait le bon choix. Quand tout va bien, je suis reconnaissant de l’acharnement d’une équipe médicale hors pair et je manque de mots pour exprimer ma gratitude.
Certains médecins sont très cartésiens et m’ont prescrit du Prozac !
Je n’ose pas parler de ce que j’ai vécu autour de moi. Si je livre mon témoignage d’expérience de mort imminente, c’est pour faire connaître et briser le silence sur ce qu’on traverse. Certains médecins sont très cartésiens et n’adhèrent pas au fait que certaine personnes voient des choses surnaturelles lors d’une EMI. J’ai le droit au silence ou à des prescriptions de Prozac pour seules réponses ! J’ai l’impression que je n’en ai pas le droit et j’ai honte de ce qu’il m’est arrivé, de ce que j’ai fait subir à ma famille. Je pense que je n’ai vu que le passage qui mène à l’au-delà sans avoir franchi un certain seuil. Un jour, je pourrais voir de l’autre côté. Mais une chose est sûre : la vie sur terre n’est qu’une étape, la préparation à une autre « VIE ».
Pour en savoir plus sur ces phénomènes et lire d’autres témoignages, consultez le site de l’INREES.
Découvrez également l’interview de Cécile Cloulas, psychologue, hypnothérapeute et auteure de « Comment leur mort a changé leur vie ? » sur la chaîne YouTube :
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