Chaque défunt est unique, et notre façon de lui dire au revoir l’est aussi. Il est important de s’accorder ce droit et ce temps-là et de pouvoir construire une cérémonie personnalisée. Une démarche qui n’est pas forcément possible suite au choc du décès d’un proche et dans le délai de 6 jours prévu par la loi pour organiser des funérailles.
Happy End souhaite accompagner les familles dans ce sens et propose des cérémonies sur mesure avec des célébrants formés à l’accompagnement du deuil. Elise Petit est l’une d’entre elles et nous raconte ici trois belles histoires d’au revoir, trois rituels de deuil co-créés avec des familles.
Adèle : une cérémonie personnalisée en toute simplicité
Adèle avait 89 ans, et ça faisait tellement longtemps qu’elle attendait de retrouver Albert, même si ses enfants et petits-enfants la retenaient encore sur Terre avec tout leur amour, leurs rires, leurs chagrins aussi.
Elle savait qu’elle était attendue, de l’autre côté du voile. Patiemment. Depuis longtemps, tous savaient qu’elle ne voulait pas d’une cérémonie religieuse pour son départ. Elle voulait quelque chose de simple. Elle avait laissé le soin à ses enfants de choisir ce que serait le mieux. Ses petites-filles voulaient fêter cette grand-mère au rire franc.
Une cueillette de fleurs et la création d’un mandala
Fêter. Simplicité. Liberté. Les trois-clés mots qui ressortaient de la rencontre avec la famille. A partir de là, une cérémonie personnalisée a pris forme : il y a eu un temps de cueillette de fleurs, beaucoup de fleurs, dans les champs, dans les jardins, accompagné du rire joyeux de deux arrières-petites-filles. Puis un temps de création : un mandala autour d’un arbre chez la fille de la défunte, pour permettre le recueillement pendant la veillée : des couronnes destinées à orner le cercueil.
Le jour de l’enterrement, un poème, une valse joyeuse et le chant des oiseaux (pour de vrai) ont permis à chacun de dire au revoir, dans la douceur. Puis, à mesure que le cercueil descendait dans la tombe, l’assistance a lancé des pétales de fleurs comme autant de vœux pour le voyage vers l’au-delà.
La magie du moment a même voulu qu’à l’instant où la famille quittait le cimetière, les rires d’enfants de l’école voisine ont retenti. Et tous se sont regardés en souriant. Le soir même, l’une des arrières-petites-filles a déclaré à sa mamie (fille d’Adèle) que sa grand-mamie était bien en train de s’en aller au bras d’Albert, en robe jaune fluo. Avec une couronne sur la tête, bien sûr.
Martin : l’arbre souvenir pour dire le lien puissant d’amour
Martin avait passé du temps à voyager, il ne s’était jamais vraiment arrêté quelque part, fixé, enraciné. Sa vieille maman se désolait parfois, parce que rien ne semblait retenir Martin dans son village natal. Pas de femme. Pas d’enfants. Pas de chien. A vrai dire, Martin aimait sa famille très fort, ses amis aussi, mais il avait besoin de voyager pour mieux comprendre l’Humain, les humains, lui-même aussi, sûrement.
Lorsque j’ai rencontré la famille, c’était un hommage qui était souhaité, un an après le décès de Martin survenu de manière accidentelle, n’ayant pas vraiment permis à tout son entourage de l’accompagner et de faire le deuil.
Un rituel symbolique autour d’un arbre
Les proches voulaient un rituel symbolique de deuil, parce que ça parlait à Martin, les rites de passages dans les cultures qu’il avait rencontrées. Avec un arbre, parce que Martin adorait le frêne creux du bout du chemin près de sa maison natale.
Chaque participant a donc choisi un petit objet, fabriqué un origami, écrit une lettre à offrir à Martin de façon posthume. Tous ces objets ont été mis dans une boîte, « offerte » à l’arbre creux, lors d’une petite cérémonie dans cet endroit symbolique. Depuis ce rituel de deuil, l’arbre est devenu ce lien puissant d’amour entre les vivants et Martin.
Une chanson et une graine plantée pour une petite sœur décédée trop tôt
Aliette et Johan ont deux enfants, de joyeux garçons intrépides qui réclament une sœur depuis quelques mois. Enfin, réclament… c’est un peu comme s’il la sentaient déjà là, comme une évidence, alors que leurs parents ne sont pas encore sûrs qu’ils désirent vraiment un troisième.
Et puis un jour, l’amour l’emporte sur la raison, et ce n’est pas une, mais deux petites sœurs qui grandissent dans le ventre chaud de leur maman. Malheureusement, l’une d’elles porte une grave malformation des reins. Une IVG est alors envisagée, et les deux garçons sont dès le départ inclus dans la démarche. C’est d’ailleurs l’aîné qui le premier a exprimé le besoin de faire une cérémonie pour remercier cette petite sœur qui leur a donné tant de joie malgré sa très très courte apparition sur Terre.
Déposer ce chagrin immense avec une cérémonie personnalisée réalisée en famille
L’accompagnement leur permet à tous de déposer en toute vulnérabilité leur chagrin immense, et paradoxalement, ce rituel de deuil leur donne aussi la force de se réjouir d’avoir été choisis comme famille aimante par ces deux petites filles. Leur liens sont chaque jour plus forts. C’est aussi une façon de s’interroger sur le sens de cette mort au sein même de la naissance.
Et petit à petit, le rituel se construit : symboliser l’au-revoir par une chanson et la plantation d’un arbre, manifester le lien avec cette petite fille et lui donner un statut au sein de la famille (lui donner un prénom, lui demander si elle veut bien veiller sur eux…) et accompagner en conscience la petite fille qui reste, et qui vit en ce moment le traumatisme de façon décuplée (la perte d’un jumeau étant un traumatisme dès les premières semaines in utero).
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