Pourquoi parler de « parange » ?
Quand la perte d’un parent ou d’un conjoint se voit caractérisée par les termes d’orphelin.e, ou de veuf.ve, la perte d’un enfant est encore dépourvue de terme. C’est cette indicibilité que la députée insoumise Mathilde Panot, suivie par une trentaine de députés de tout bord, ont remis en question jeudi 11 février lors d’un point presse en ligne. Une volonté de faire reconnaître cette perte qui s’inscrit dans un combat plus large pour briser l’omerta sur le deuil parental.
Ne pas pouvoir mettre de mot, c’est ne pas pouvoir exprimer convenablement sa peine. Une lacune langagière que de nombreux parents endeuillés mettent en avant depuis des années. Ne pas pouvoir formuler cette perte renforce la violence qu’est le deuil d’un enfant.
Faire face à un vide linguisitique
Pour faire face à ce vide linguistique, les militants des associations de parents endeuillés font recours aux néologismes. Ainsi le terme de “Parange” fait l’unanimité. Issu de la contraction de “parent” et “ange”, il permet de mettre une image sur l’envol prématuré de ces vies souvent à peine entamées. Mais l’appellation “parange” ne désigne pas seulement les parents ayant perdu un enfant en bas-âge, ou mort né, mais plus largement la perte d’un enfant, quel que soit son âge.
« Ce mot convient à beaucoup de monde. Vous verrez qu’il y a beaucoup d’associations de soutien pour les parents où ce mot circule », Il permet en effet de désigner les « femmes et les hommes ayant perdu un enfant, quel que soit l’âge au moment du décès », rapporte Nadia Bergougnoux, militante ayant perdu un bébé à six mois et demi de grossesse.
Le parcours administratif, une douleur de plus pour les parents
Etre parange ne passe pas seulement pas la reconnaissance de ce néologisme, mais également par une évolution de notre système administratif. En effet, nombre de parents endeuillés mettent en avant les écueils d’une administration oublieuse de leur perte. Par exemple : la disparition de leur(s) enfant(s) des dossiers administratifs, notamment celui de la CAF, est régulièrement pointée du doigt par les associations comme une épreuve supplémentaire dans le processus de deuil.
« Aujourd’hui en France, lorsque notre enfant décède, à la peine, à la douleur, s’ajoutent les démarches administratives, les dossiers à modifier, et surtout la disparition de nos enfants sur nos dossiers », explique Betty Aken, à l’origine de la pétition Pour que nos enfants ne disparaissent pas qui réunit plus de 16 000 signatures.
A travers des initiatives comme la proposition de résolution parlementaire de la députée Mathilde Panot, ou les combats de militants comme Betty Van Aken, le tabou que peut représenter la perte d’un enfant se brise progressivement, même si beaucoup reste à faire.
A lire : Connaître les accompagnements existants pour les parents endeuillés.
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