Le portrait, pour remettre de la beauté et du mystère dans la mort. C’est la proposition de Florence Plissart, portraitiste. « D’habitude je dessine avec beaucoup de couleurs mais les portraits de défunts, je les dessine au crayon. De manière très délicate, instinctive. » C’est avec cette émotion que l’artiste souhaite « immortaliser et accompagner en douceur cette étape de passage », à l’heure où la société tend à l’occulter.
Faire le portrait de nos proches pour les retenir
Florence Plissart ne s’est pas toujours intéressée à la fin de vie, à son accompagnement, à la célébration du passage. Mais il y a quatre ans, au décès de son grand-père, l’artiste mesure l’intérêt du dessin dans le processus de deuil. « Je ne me suis jamais projetée dans ma présence auprès d’un proche mourant, je pensais que la mort était quelque chose d’effrayant qui devait rester un peu caché …
Pourtant, quand j’ai compris qu’il allait partir, j’ai eu envie d’être près de lui et spontanément, je me suis mise à faire son portrait », confie-t-elle. Tout un symbole, puisque son grand-père fait partie des personnes qui l’ont initié au dessin et ce « jusqu’à la toute fin de sa vie ». « J’ai le dessin de son dernier souffle », surprise elle-même de se sentir très ouverte plutôt que triste.
Si elle a dessiné son grand-père « sur le fil, entre deux mondes », elle a ensuite dessiné ses proches qui sont décédés, afin de « garder un souvenir d’eux dans la mort ». Bien sûr cela peut se faire grâce à la photographie mais Florence Plissart voit dans le dessin un autre type d’image, une capture insaisissable chargée d’émotion qui participe à lever le tabou de la mort car « le dessin suggère plus qu’il ne montre, il y a quelque chose de vivant dans le trait du crayon ».
Florence Plissart, son voyage initiatique au Japon
L’artiste s’est d’abord formée au croquis sur le vif. Elle dessine en direct des événements, notamment des mariages. Mais c’est lors de son voyage au Japon, en 2017, qu’elle a développé un projet spécifique autour du portrait. « L’enjeu était d’utiliser le dessin pour créer une intimité avec les femmes que je rencontrais et de récolter des histoires de vie », raconte-t-elle. Elle a d’ailleurs publié un livre en novembre 2020.
Elle peut dessiner un défunt « sur le vif » ou d’après une photo de la personne de son vivant, sous réserve d’un échange avec le proche qui en fait la demande, une manière de rencontrer le défunt au travers du récit. Elle propose également une personnalisation du dessin : texture, couleur, motifs, symboles qui évoquent la vie du défunt pour « laisser transparaître ce que la personne nous a laissé en héritage : des traits de caractère, des moments importants de sa vie, un peu comme une synthèse de mémoires », précise-t-elle.
De portraitiste à officiante de cérémonie
Par ailleurs, la jeune femme de 37 ans souhaite devenir célébrante. Formation reportée trop souvent du fait du contexte sanitaire mais à laquelle elle tient particulièrement, pour s’engager, entre autres, dans les funérailles alternatives. Pourquoi pas en s’associant à d’autres personnes ou associations, notamment en Belgique où elle réside et dont elle est originaire.
Elle souhaite ainsi « remettre plus d’humanité et de mystère autour du dernier passage », notamment grâce à des lieux plus accueillants, toujours dans l’idée de « remettre du beau dans le funéraire ».
Si vous souhaitez honorer artistiquement la mémoire d’un défunt, elle propose deux prestations : portrait souvenir et portrait mortuaire.
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