Hier soir, la Cour d’appel de Paris a annoncé la reprise des soins de Vincent Lambert. L’arrêt du traitement avait débuté lundi 20 mai au matin. En moins de 24 heures, la justice est revenue sur sa décision, ce qui a déclenché le bonheur des parents de Vincent et l’indignation de ceux qui le pensaient enfin « libéré »…
L’affaire Vincent Lambert : Un record de rebondissements judiciaires
La décision prise par les médecins du CHU de Reims a été brutalement suspendue par la Cour d’Appel de Paris le temps que le Comité international des droits des personnes handicapées examine le dossier. La bataille judiciaire n’est donc pas finie et la décision finale est reportée à minimum six mois. Du côté des parents de Vincent Lambert, c’est l’explosion de joie : Jean Paillot, avocat du couple parle d’une « extraordinaire victoire » et même de « remontada » sur BFMTV.
Ces déclarations et la publication hier d’une vidéo de Vincent Lambert envoyé par sa mère à Valeurs Actuelles ont profondément choquées la partie adverse qui compte bien prendre des mesures contre cette décision. Maître Fossier, l’avocat de Rachel Lambert, femme de Vincent, a annoncé hier sur France info qu’il allait « engager des actions pour sanctionner » cette publication « inqualifiable ». Il s’est aussi insurgé, aux côtés de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, face à l’expression « remontada ».
La reprise des soins : une décision jugée « très suspecte » par François Lambert, neveu de Vincent
François Lambert, le neveu de Vincent, est abasourdi par ce nouveau rebondissement qu’il décrit, sur Europe 1, comme du « sadisme pur de la part du système médico-judicaire ». Lui, qui pensait que le calvaire était terminé se trouve une nouvelle fois face à la stagnation des procédures.
Il va même jusqu’à remettre en cause les raisons des nombreux recours des parents : « La douleur des parents de Vincent, personnellement, je n’y crois plus. C’est du militantisme qui a pris le dessus depuis de nombreuses années. » déclare-t ‘il sur Europe 1. Il ne s’agit non pas d’une décision pour le bien de Vincent mais d’une décision « très engagée » dans la continuité de l’idéologie catholique des parents qui « sont anti-avortement depuis 40 ans » et « sont dans la continuité de ce combat avec Vincent ».
Plus que l’aspect moral qui entoure cette décision, François Lambert en dénonce le bien-fondé juridique. « Ce n’était pas une obligation » pour la France de suivre les directives du Comité international des droits des personnes handicapées de l’ONU. Juridiquement, ce comité n’a pas de pouvoir de contrainte mais simplement un rôle consultatif : la France n’est donc pas obligée de suivre ses avis.
Le neveu de Vincent exprime également sa colère envers les « juges qui ont rendu cette décision » qui sont allés à l’encontre de l’avis d’une « cinquantaine de juges administratifs et européens des droits de l’Homme et plus une quinzaine de médecins ». Sur LCI, il pointe du doigts une décision, essentiellement basée sur des opinions politiques ou religieuses et non sur le respect de la loi : « Les juges aussi ont des opinions. Je pense que, juridiquement, ça ne tient pas leur raisonnement. Il y a quelque chose de l’ordre de l’opinion personnelle ».
Les conséquences de ce nouveau rebondissement judiciaire
Les avocats des parents de Vincent Lambert sont attendus ce matin pour vérifier la reprise des soins, la réhydratation et l’alimentation de l’homme tétraplégique. « Ce n’est plus un être humain, c’est une espèce d’objet que les gens se passent les uns aux autres sans prendre en compte Vincent » confie François Lambert au micro de LCI.
La situation peut durer… La France a six mois pour communiquer au Comité des droits des personnes handicapées ses observations et le verdict peut prendre jusqu’à trois, quatre ans selon un membre de ce comité.
La reprise des soins de Vincent Lambert divise la classe politique
La décision de l’arrêt des soins, rendue le 20 mai, a fait réagir tout la classe politique très divisée concernant cette affaire. Face à cet escalade médiatique, Emmanuel Macron est sorti de son silence pour soutenir la décision de l’arrêt des soins par l’équipe médicale en accord avec la loi.
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