Nous les aimons comme des amis, des membres de notre famille. Leur décès provoque chez nous un vide immense et beaucoup de chagrin. Lynne Pion, auteure de Apprivoiser le deuil animalier et spécialiste du deuil animalier au Québec, évoque, avec nous, ce deuil difficile car souvent incompris et sous-estimé.
Le deuil d’un animal est t-il incompris ?
Lynne Pion : Le deuil animal est un énorme tabou. Souvent, l’entourage minimise la peine. Et oublie le lien d’attachement et les raisons pour lesquels ce compagnon à quatre pattes est entré dans la famille. La personne qui vient de perdre son animal va pouvoir exprimer son chagrin une journée mais s’il en parle plusieurs jours, il s’entend souvent dire : « Il faudrait que tu passes à autre chose maintenant » ou « Tu devrais peut-être reprendre un chien ». Ce manque de compréhension crée un sentiment d’isolement fort. D’ailleurs, suite au décès de leur animal, les gens me contactent dans la semaine alors qu’ils consultent un spécialiste plutôt deux ou trois mois après quand ils ont perdu un proche. Ils expriment le besoin d’une écoute attentive et bienveillante que leur entourage ne leur offre pas toujours.
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Vous avez créé une plateforme d’écoute pour les personnes en deuil de leur animal. Pourquoi ?
Lynne Pion : Il me semblait important d’accompagner cette souffrance. Il s’agit d’une plateforme sur laquelle les gens peuvent programmer des rendez-vous téléphoniques ou des appels vidéo. En fonction des personnes et de leurs besoins, j’échange entre 2 heures et demi et 5 heures avec les endeuillés. Je travaille en lien avec un travailleur social et un psychologue vers lesquels je peux orienter les gens, si je sens qu’ils ont besoin d’un soutien plus important.
Découvrez l’interview d’Irène Combres, accompagnante du deuil animalier sur notre chaîne YouTube.
N’est-ce pas un deuil que l’on peut faire seul, avec le temps ?
Lynne Pion : Cela dépend. Si vous n’avez plus d’appétit, perdez le sommeil, ne prenez plus de plaisir à partager des moments avec vos amis, ce sont des signes qui doivent alerter. Dans ce cas, consultez votre médecin généraliste peut être une première étape. Se taire ne fait qu’aggraver et intensifier votre chagrin, complique et prolonge le processus de deuil. Or, le deuil a des répercussions sur notre état physique. Il peut entraîner de l’irritabilité, des problèmes de concentration, des troubles de la mémoire. C’est important de s’en préoccuper. Si votre entourage ne comprend pas votre peine ou ne sait pas comment vous aider, mieux vaut vous tourner vers votre vétérinaire, un groupe de parole ou encore un psychologue spécialiste du deuil, pour ne pas avoir à surmonter seul cette épreuve.
Quand on perd son animal, il est rare d’organiser une cérémonie en son hommage. Quel rituel peut-on mettre en place pour lui dire au revoir ?
Lynne Pion : J’encourage souvent les familles à écrire sur un bout de papier ce que cet animal leur a enseigné ou apporté. « Quel était le plaisir que vous partagiez avec lui ? » « Quel souvenir garderez-vous en mémoire » ? Puis de préparer un feu de camp et de jeter le papier dedans. Souvent, les familles adoptent un animal pour faire plaisir à leurs enfants. Il n’est donc pas rare que ce compagnon à quatre pattes décèdent lorsqu’ils sont ados. Cet animal les a vu grandir. Ils ont évolué à ses côtés. Ce rituel est une façon d’immortaliser cette relation et de ritualiser la séparation.
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Adopter un nouvel animal, est-ce une solution pour moins souffrir de son deuil ?
Lynne Pion : Chacun est libre de ses choix. Adopter un nouvel animal peut aider à condition de comprendre que ce nouveau compagnon ne vient pas remplacer celui qu’on a perdu. C’est un être qui aura son histoire, sa personnalité. La relation sera différente.
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