Un soir de juin 2020, Antoine, deux ans et demi, tombe de la fenêtre de son appartement familial du cinquième étage. Au moment du drame, sa maman, Alexandra, est seule avec lui. Malgré l’intervention rapide des services d’urgence, Antoine décède dans l’ambulance qui l’emmène à l‘hôpital.
Dans son livre Antoine, mon fils, publié aux éditions Robert Laffont, Alexandra Lestang livre avec douceur et honnêteté son chemin de reconstruction après cet accident domestique qui a bouleversé sa vie. Voici son témoignage.
Cet accident domestique est le drame de ma vie
Un soir d’été 2020, j’ai entrouvert la fenêtre du bureau de notre appartement du cinquième étage pour rafraîchir la pièce. Antoine dormait dans une petite salle au rez-de-chaussée de notre appartement. Il s’est levé puis est allé dans le bureau. Il est monté sur une chaise et il est tombé par la fenêtre. Le gardien de l’immeuble l’a trouvé dans la cour. Je me souviens de ses mots. ll demande si le bébé dort puis « Un enfant est tombé dans la cour, il est mort… ». Les secours sont arrivés très rapidement. Malheureusement, Antoine est décédé dans l’ambulance qui l’emmenait à l’hôpital.
La culpabilité a été inévitable. Antoine était sous ma responsabilité ce soir-là. Mon mari a dû accepter de me pardonner et il le fait encore chaque jour. À sa place, je ne sais pas si j’en aurais eu la force. Toutefois, savoir accepter son pardon et me pardonner moi-même font partie du chemin. Je relativise cette culpabilité la plupart du temps.
Si le décès d’Antoine est le drame de ma vie, je ne veux pas qu’elle se résume à ça. Je me suis fait le film de cet accident domestique des milliers de fois mais j’ai conscience que c’est un exercice vain. Ça ne me permettra jamais de le faire revenir. À la place, j’ai pris le temps de réfléchir à la manière dont je pouvais me reconstruire.
Sur la couverture de mon livre on peut lire “Quand on perd un enfant, le cœur ne rétrécit pas, il se casse.” Cette citation vient de l’anglo-saxonne “hard broken” qui signifie “cœur cassé”. En France, on utilise plutôt l’expression “cœur brisé” qui sous-entend qu’il n’est plus réparable. Or, je fais tout pour le réparer, même avec quelques traces de colle visibles.
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Un soutien et un accompagnement sans faille
Dans notre malheur, nous avons eu la chance inouïe d’avoir une famille soudée. Nous avons reçu énormément d’amour de la part de nos proches et nos amis, qui ont été très présents.
Recevoir cet amour nous a permis doucement de s’autoriser à s’en donner nous-même. Malgré la douleur, mon mari et moi avons continué à partager des moments en famille, même lorsque nous avions envie de ne rien faire et de ne pas sortir du lit.
Bien sûr, en traversant une telle épreuve, il y a eu des moments où la douleur était tellement forte qu’on ne savait pas par quel bout la prendre. Apprendre à demander de l’aide a été difficile mais essentiel. La plupart du temps pendant un deuil, l’entourage ne sait pas comment apporter son soutien. Il m’arrivait donc de décrocher le téléphone pour dire « J’ai besoin que tu sois là. Je m’en fiche complètement de ce que tu me dis, mais viens. »
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Un deuil qui touche toute la famille
Au sein de la famille, nous vivons ce deuil à des rythmes différents et il arrive que cela crée malheureusement des tensions. Pour autant, on s’efforce de s’écouter et de comprendre ce qui importe à chacun.
Par exemple, juste après le drame, mon mari a eu besoin d’aller voir Antoine. Je l’ai accompagnée mais je n’ai pas souhaité rester longtemps dans la pièce. J’ai simplement fait un pas vers mon mari tout en m’écoutant.
Pour le reste de la famille, il a aussi fallu faire des concessions. Notre entourage nous a offert une belle toile avec un béluga, qui était le surnom d’Antoine. Ce cadeau a donné lieu à de vives discussions. D’un côté, certaines personnes souhaitent qu’Antoine reste visible à travers des objets et des photos puis les autres préféraient que ce deuil reste caché voire pas affiché du tout. Trouver des compromis pour satisfaire tout le monde n’a pas toujours été évident. On y arrive un pas après l’autre.
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