Alors que la menace climatique n’a jamais été aussi forte, de plus en plus de personnes ont à cœur de limiter au maximum leur impact environnemental au moment de leur mort. En France, seul deux choix sont possibles l’inhumation ou la crémation. Toutefois, à l’étranger, d’autres alternatives, comme l’humusation et l’aquamation sont déjà autorisées. Mais alors, quel est le mode de sépultures le plus écologique ?
En France, inhumation vs crémation : quel choix pour la planète ?
Une inhumation écologique, ça existe ?
Une inhumation rejette en moyenne autant de CO2 que 3,6 crémations, selon l’Analyse environnementale comparative du rite de la crémation et de l’inhumation en Ile-de-France.* Toutefois, certains choix permettent de limiter l’impact écologique de l’inhumation.
Le plus écologique est l’inhumation en pleine terre : ce procédé consiste à inhumer le cercueil dans un trou creusé dans le sol sans fondation ni infrastructure. Aucune utilisation de béton n’est requis, dont le processus de fabrication est très énergivore. Toutefois, cette situation oblige parfois la mise en place d’une semelle en ciment afin d’assurer l’équilibre de la sépulture, quand le cimetière l’exige.
Autres possibilités, moins respectueuses de l’environnement :
- L’inhumation en pleine terre avec fausse case : contrairement à l’inhumation en pleine terre simple, l’ajout d’une fausse case fondation souterraine en béton peut être demandé, pour assurer l’étanchéité de la sépulture. C’est un compromis entre le caveau et l’inhumation pleine terre.
- L’inhumation en caveau est le scénario le plus polluant car il implique le creusement du sol, la mise en place d’un caveau et d’un monument. Il nécessite l’utilisation du béton, matériau hautement polluant, en grande quantité.
On remarque que l’impact écologique de l’inhumation provient en grande partie de l’utilisation du béton, nécessaire dans deux scénarios sur trois, mais aussi des monuments en marbre et granit souvent importés ou taillés en Chine par exemple. Pour limiter au maximum son impact environnemental, il est préférable de choisir l’inhumation en pleine terre simple. Ce choix peut être accompagné d’autres décisions plus écologique entourant les obsèques. Par exemple, il peut s’agir de renoncer aux soins de thanatopraxie ou d’opter pour un cercueil en bois non noble sans vernis et avec des poignées en corde.
À lire : Quelle différence entre l’inhumation et la crémation ?
Crémation : plus écologique, mais jusqu’à quel point ?
De manière générale, la crémation est un mode de sépulture plus écologique que l’inhumation en caveau et avec monument. En effet, si une inhumation équivaut en moyenne à un trajet de 4 023 km en voiture pour une personne, la crémation, elle, à un trajet de 1 124 km.
Toutefois, la crémation comporte également des éléments polluants, notamment la consommation en gaz. En Ile-de-France, la quantité moyenne de CO2 pour une crémation équivaut à 42 m3 de gaz soit l’équivalent de près de 16 douches.
Il est tout de même possible de réduire l’impact écologique de la crémation.Pour cela, il est conseillé de choisir un cercueil en bois plutôt qu’un cercueil en carton. Pourquoi ? Sa combustion est plus rapide et limite ainsi la durée de la crémation et donc la consommation de gaz.
Inhumation en pleine terre simple vs crémation
Selon l’Analyse environnementale comparative de la crémation et de l’inhumation en Ile-de-France, l’inhumation en pleine terre simple serait plus respectueuse de l’environnement que la crémation. En effet, si une crémation équivaut à 233 kg de CO2, l’inhumation en pleine terre simple, elle, consommerait seulement 182 kg de CO2. Une différence qui peut avoir un réel impact à grande échelle.
À l’étranger, des alternatives plus écologiques
L’aquamation, une méthode proche de la crémation
L’aquamation est un mode de sépulture utilisant la méthode de l’hydrolyse alcaline. Elle permet de liquéfier le corps d’un défunt en le plongeant dans un bain composé de potassium et de sodium. Il est ensuite chauffé à une température oscillants entre 95 et 150°C durant 5 à 10 heures. Seuls les os restent sous forme de poudre et sont rendus à la famille dans une urne funéraire.
Selon le New York Times, l’hydrolyse alcaline utilisée pour l’aquamation nécessite moins d’énergie que la crémation. Un avis partagé par François Michaud-Nérard, ex-directeur général des Services funéraires de la ville de Paris et membre du CNOF (Conseil Nationale des Opérations Funéraires), « De plus, ses installations sont plus petites et facilement implantables en ville. Elles limiteraient les déplacements des familles. » Annabelle Thomas, ethnologue et spécialiste des rites funéraires effectue actuellement des travaux sur l’aquamation en Californie. Selon ses observations, cette pratique comporte effectivement de nombreux avantages : une plus faible émission de CO2 (seulement 1/4 de la crémation), a le peu d’énergie utilisé (seulement 1/10ème de la crémation) et la possibilité de recyclage du liquide résiduel, qui peut alors servir à arroser les fleurs.
En décembre dernier, Desmond Tutu, combattant de l’apartheid, est décédé à l’âge de 90 ans au Cap. Avant sa mort, il avait explicité le souhait que son corps soit réduit en poussières par la technique d’aquamation.
L’humusation en pleine terre, des données contradictoires
En Belgique, l’humusation en est au stade de l’expérimentation. En 2018, le SPW-Développement Durable a mandaté le Professeur Philippe Baret du Earth Life Institute de l’UCLouvain afin de réaliser une étude sur le compostage des corps. L’un des objectifs principaux était le suivant : garantir que l’humusation est neutre d’un point de vue environnemental. Ainsi, une première expérience a été menée sur des dépouilles de porcs de 2018 à 2019 puis une seconde de 2019 à 2020.
Conclusion de l’étude, rapportée par Philippe Baret et deux autres collègues en 2020 :
« L’humusation naturelle n’est pas en l’état une alternative viable à l’incinération et à l’inhumation traditionnelle. La levée des facteurs bloquant le compostage et la gestion de la pollution azotée requièrent une réflexion de fond et multidisciplinaire sur le processus.«
Mais ces résultats sont remis en cause par la Fondation Humusation belges, qui estime que certaines conditions n’ont pas été respectées et que le processus en a été gravement impacté.
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Recompose, l’humusation hors sol dans plusieurs états aux USA
En 2019, l’État de Washington (USA) est devenu le premier endroit de la planète à voter une loi pour autoriser le système de « compost humain », un autre procédé d’humification. Un an auparavant, la société Recompose, créée par Katrina Spade, avait réussi à composter six dépouilles humaines pour tester leur concept, en association avec le département d’anthropologie de l’Université Western California. Depuis, le Colorado et l’Oregon l’ont également légalisé.
Architecte de formation, Katrina Spade a mis au point une infrastructure ultra-moderne pour accueillir le compost humain, au cœur de Seattle. Concrètement, le corps du défunt y est d’abord placé dans un tube hexagonal dans lequel on ajoute des copeaux de bois, de la paille et de la luzerne. Cet espèce de tombeau est porté à une chaleur optimale, avec la bonne quantité d’eau, d’azote et d’oxygène pour accélérer la décomposition naturelle du corps. Les microbes se mettent alors au travail et le corps est retourné régulièrement et automatiquement pour faciliter son démantèlement progressif. Au bout de trente jours environ, « le matériau que nous remettons aux familles ressemble fortement au terreau que vous pourriez acheter dans votre pépinière« , assure la start-up.
Le compost humain serait donc le mode de sépulture le plus écologique. De plus, « pour chaque personne qui choisit ce procédé à la place d’un enterrement ou d’une crémation classique, une tonne métrique de dioxyde de carbone ne pénètre pas dans l’atmosphère », explique la société sur son site. À la suite du processus, le corps devient un amendement de sol riche en nutriments. Les familles peuvent faire le choix de le garder, au même titre que des cendres, ou d’en faire don à Bells Moutain, une forêt protégée dans le sud de Washington. Le processus de Recompose serait totalement écologique et écarterait toute utilisation d’énergie ou de matériaux polluants. Toutefois, des études poussés pour estimer le véritable impact environnemental du procédé n’ont pas encore été réalisées, au vue de sa récente mise en place. Affaire à suivre…
46% des Français.e.s seraient prêts à recourir à l’humification selon un sondage réalisé par Opinionways pour l’association Humo Sapiens et MAIF en septembre 2022. « Cette étude menée avec la MAIF est une première étape. C’est une boussole pour mesurer les attentes des français en matière de funérailles régénératives. Nous allons maintenant tirer les enseignements de cette étude pour réunir les conditions sociales, techniques et légales nécessaire à la reconnaissance de l’humification (ou compostage humain) en France. Une future étape sera de tester ce mode de sépulture sur un territoire en France », explique Pierre Berneur, président de l’association Humo Sapiens.
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La promession, destruction du corps par le froid
La promession consiste en la congélation du corps par le biais de l’azote liquide. Un système de table vibrante le réduit ensuite en particules. À l’issu du processus, on regroupe les restes funéraires dans une urne en écartant l’eau et les résidus de métaux. La promession ne libère aucune émission de CO2 et autres substances nocives pour l’environnement. Ce procédé est actuellement autorisé dans plusieurs pays : la Suède, le Royaume-Uni, la Corée du Sud ainsi qu’en Afrique du Sud. Comme l’aquamation, la promession nécessite très peu d’énergie. Elle n’émet aucun rejet de CO2 dans l’atmosphère et ne nécessite pas de cercueil ni de soins de conservation du corps.
La combinaison de champignons, solution 100% naturelle
La combinaison de champignons est un burial suit (en français, un habit funéraire). En 2019, l’acteur Luke Perry avait fait le choix de ce mode de sépulture pour son enterrement, qui consiste à vêtir le défunt d’un linceul imprégné de mycélium de champignons. En se développant, les champignons se nourrissent du corps et accélèrent sa décomposition. Cela permet ainsi de redistribuer les nutriments du corps aux plantes environnantes plus efficacement et de régénérer plus vite la vie à l’entour.
Jae Rhim Lee, diplômée du MIT, est la créatrice de ce nouveau mode de sépulture. Avec sa société Coeio, elle propose une solution naturelle, réponse adaptée au besoin de minimiser l’impact environnemental de la mort. « Nos corps sont des centres de stockages de toxines (tabac, pesticides, métaux lourds…). Et où vont-ils à notre mort ? Ils retournent dans l’environnement, et perpétuent le cycle de pollution », explique-t-elle lors de son TedTalks. L’inhumation et la crémation participent activement à la libération de ces toxines dans l’atmosphère. À l’inverse, les enzymes produits par les champignons constituant la combinaison, permettent de les neutraliser.
Ce mode de sépulture est tout à fait légal dans les pays où le recours à un cercueil est optionnel. Malheureusement, ce n’est pas encore le cas en France. Le cercueil est un élément obligatoire des obsèques, selon les articles R. 2213-25, 26 et 27 du Code général des Collectivités Territoriales. Mais pour combien de temps ?
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Les essais de compostage de dépouilles de porcs (ça ne peut pas s’appeler de l’Humusation, concept réservé aux humains) ont été ratés parce que les opérateurs n’avaient pas une pratique/connaissance suffisante du compostage. Sous la houlette de la Fondation Métamorphose, d’autres essais ont été réalisés sur fonds propres de 2022 à 2024 par des praticiens aguerris au compostage et réussis ! Cela veut dire qu’en quatre mois, toutes les chairs moles ont disparu et ne restent que les os. Ceux-ci ont été broyés et réintroduits dans la butte de compostage. Il reste maintenant à prendre connaissance des analyses du produit obtenu et de l’impact de ce compostage sur le sol. Nul doute, pour moi, qu’elles seront positives !
La vidéo tik-tok comporte une grosse erreur : les corps ne sont pas déposés sur le sol, mais sur au moins 20cm de broyat de branches qui sert de biofiltre et empêche les liquides qui s’échappent du corps de polluer le sol. C’est ce qu’il se passe dans les cimetières. Ceux-ci polluent les nappes phréatiques et personne ne le dit. Pourtant c’est une réalité !