Leo s’est envolé le 7 juillet 2018. Pour ses parents, ce bébé « aura 11 mois pour toujours et il aura été un petit garçon comme tous les autres, souriant, aimant, jusqu’au bout ». En témoignant, Laetitia, sa maman, souhaite « ouvrir le champ des possibles aux parents ou proches qui vivent le décès d’un enfant ».
Il lui semble important d’informer. Lorsqu’elle « m’a ouvert la porte » pour partager avec moi son expérience, j’ai senti que, comme elle le racontait, leurs choix leur avaient permis de « vivre un moment plein de lumière et de couleurs » lors de l’adieu.
Une cérémonie au jardin
Nous avions choisi de disperser les cendres de Leo dans le jardin de ses grands-parents (en Suisse) et d’y planter un arbre. C’est donc à l’arrière de la ferme familiale, près de deux mois après le décès, que nous avons accueillis nos invités, avec de la musique et un soleil radieux. Les bancs installés étaient volontairement dirigés vers un chevalet. Et sur ce chevalet se trouvait une photo de notre petit imprimée sur du bois.
Un arbre planté en son hommage lors de la dispersion des cendres
Quand j’ai pris le micro pour partager les premiers mots d’accueil, j’avais la gorge serrée face à cette grande assemblée. Et puis Julien, mon mari, a parlé de Leo à son tour. Il avait la voix tremblante lorsqu’il a évoqué son « petit lion » et sa force de vie ! À ce moment-là, les hommes de la famille (Julien, le papy et le parrain) ont répandu les cendres de Leo et planté un arbre en sa mémoire.
Des bulles de savon dans le ciel et « Le Petit Prince » au rendez-vous
La chanson de Grand Corps Malade, Les absents, a envahi l’espace sonore pendant que les enfants soufflaient des bulles de savon dans le ciel. Et je me suis jetée à l’eau pour prononcer le discours que j’avais soigneusement préparé… J’y faisais référence au « Petit Prince », que j’avais relu et qui m’était apparu si proche de notre réalité, rétrospectivement. Avec son histoire de renard qu’il fallait apprivoiser ; de la curiosité du petit Bonhomme, de serpent (le cancer) et d’étoiles… J’ai évoqué cette surprise que j’avais eue à l’annonce de la grossesse, incertaine, les complications à la naissance. Et puis l’arrivée sur Terre de notre Leo, un enfant si petit, si léger, si calme aussi !
L’histoire d’une vie et d’un grand amour, en quelques mots
J’ai parlé de ce sombre mois de novembre où les « mauvais pressentiments » ont commencé à m’encombrer… Ce qui n’a pas empêché le petit ange de nous offrir son premier fou rire ! J’ai aussi raconté ce mois de mars, arrivé comme « un coup de tonnerre dans notre vie ». Quand nous avons appris que le sang découvert dans la couche n’annonçait rien de bon (…) et que des mots méchants nous ont sauté à la figure (« cancer », « tumeur ») …
J’ai précisé que la vie galopait toujours, pendant ce temps-là. Car mon bébé-chigre (mélange de chien et tigre, à cause de ses petits cris rigolos) avait soif du monde ! Il n’était pas avare non plus de sourire et de douceur, il délivrait son amour généreusement ! Comme ceux qui étaient venus nous soutenir, j’ai versé des larmes. Les larmes qui roulent sur mes joues sont le surplus d’amour que je n’ai pas pu donner à mon fils ici-bas. Et comme l’amour pour son enfant est infini, le puits de cette rosée salée est tout autant infini…
Des graines de fleurs lumineuses, semées
Après mon témoignage, des amies ont chanté tandis que nous distribuions des graines de tournesols que les enfants ont semé autour de l’arbre. Avec mon mari, nous le savions, les tournesols nous feraient toujours penser à notre Petit Prince… Leo était parti au moment où les tournesols s’ouvraient au regard des passants.
L’inauguration du « vaisseau »
Nos proches ont ensuite été invités à « inaugurer le vaisseau de Leo » ! Ce « vaisseau », c’est une aire de jeux qui avait été commandée lorsqu’il était encore là. Une cagnotte avait été constituée par un réseau de mamans qui souhaitaient « offrir un dernier cadeau » à Leo. Des ballons se sont envolés dans le ciel, juste au moment où l’on coupait le ruban entourant le cadeau. Nous avons ensuite lancé l’apéro dinatoire pour que chacun ait du temps pour discuter et vivre tranquillement le moment présent, en l’honneur de Leo.
Des cadeaux pour les invités !
Nous avions prévu des cadeaux pour les invités ! Des petites étoiles qui s’allument la nuit (ainsi « Leo serait un peu partout »). Et pour le soir, des lanternes chinoises. Ceux qui ne pouvaient rester étaient invités à les emporter et à l’occasion, à lui envoyer un petit message, en lâchant la lanterne, un soir, dans un endroit dégagé.
Une grande douceur pour finir la fête
La suite de la journée nous a semblé très douce. Les uns après les autres, les gens sont venus passer un peu de temps avec nous, pour nous parler du petit et nous dire que « c’était très doux et lumineux comme fête » … Mon oncle, un ancien photographe, qui pensait qu’il ne s’éterniserait pas, s’est finalement senti bien, là, et il a pris plein de photos que nous gardons précieusement.
Des lâchers de lanternes
Le soir, nous avons préparé des grillades. Et avons profité de cette belle nuit en petit comité pour lâcher les lanternes.
« Toi, tu auras des étoiles comme personne n’en a… Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi des étoiles qui savent rire. » lit-on dans « le Petit Prince » …
Et le dernier cadeau de Leo à ses parents !
Les mois qui ont suivi, j’ai mis en place des rituels.
J’allais à la fenêtre pour parler à Leo tous les soirs.
Je lui demandais aussi « de nous trouver une petite sœur, ou un petit frère s’il en trouvait un chouette » ?
Et il se trouve que, depuis, Leo nous a envoyé une petite sœur…
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