78% des jeunes de 18 à 24 ans ont déjà vécu un décès qui les a particulièrement affectés et 16 % des étudiants sont jeunes aidants. Des parcours de vie non sans impact sur leur scolarité. Comment en être informé ? Comment assurer le suivi de leur scolarité malgré cette épreuve ? De quels aménagements ont-ils besoin ?
Christine Lefrou, enseignante chercheuse à l’Institut d’ingénierie et de management de Grenoble INP et Martin Julier-Costes, docteur en sociologie, en ont fait un objet de recherche et ont lancé une initiative innovante baptisée Etu’Deuil depuis janvier 2023. Elle est financée par les fondations OCIRP et Grenoble INP et se déroule au sein d’une des écoles d’ingénieurs de Grenoble.
Cette étude a 3 objectifs :
- Identifier les étudiants endeuillés pour leur proposer du soutien
- Mettre en place des actions de sensibilisation
- Initier une démarche de recherche sur la question
Un manque d’accompagnement des étudiants touchés par un deuil
Enseignante et bénévole de l’association Jalmalv, association de soutien au deuil, Christine Lefrou recevait de plus en plus d’étudiants en demande d’écoute.
“Avant que nous ne mettions en place Etu’deuil, la communication avec les étudiants ressemblait à celle du monde du travail. Aucune place a priori pour des demandes particulières touchant la sphère privée, hormis la maladie, les congés liés au décès d’un membre de la famille. Grâce à nos actions, les étudiants savent dorénavant qu’ils peuvent venir nous parler, y compris d’un décès qui les touche, sans pour autant qu’il concerne un membre de leur famille. Ensemble, nous identifions alors leurs besoins et la manière dont nous pouvons mettre en place des aménagements de scolarité adaptés.”, explique Christine Lefrou.
Des réponses concrètes aux besoins des étudiants en deuil
En fonction des situations, les étudiants peuvent s’absenter sans justificatif officiel, aménager leur emploi du temps, déplacer un examen ou bien même en être dispensé. “Nous proposons également des aides externes à l’établissement comme des thérapeutes ou des assistants sociaux. En ce qui concerne l’aspect financier, nous mettons en relation les jeunes avec la Fondation Grenoble INP qui peut proposer une bourse citoyenne. Trois étudiants en situation d’orphelinage disposent en ce moment de ces aides.”, indique l’enseignante.
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Depuis la rentrée de septembre 2023, 27 étudiants en deuil ou aidants ont bénéficié de cet accompagnement, dont les deux tiers à la suite d’un décès ou de la fin de vie d’un proche.
Un accompagnement qui passe par davantage de sensibilisation
Un des freins majeurs, constaté par Christine Lefrou, est la difficulté des étudiants à communiquer sur ces sujets. “Les endeuillés ont cependant plus de facilité à demander de l’aide que les jeunes aidants.”
“Pour qu’elles soient durables et pas seulement liées à l’action d’une personne isolée, ces avancées ne peuvent prendre place que par une sensibilisation de la communauté éducative, personnels administratifs et enseignants. Ils deviennent alors partie prenante dans les décisions et aussi relais pour signaler la situation de l’un ou l’autre étudiant”, explique Christine Lefrou.
Pour cette raison, plusieurs ateliers ont eu lieu avec les personnels. Conjointement, un temps autour du deuil avec les étudiants a eu lieu en 2023 et en février prochain, des ateliers et tables rondes seront organisés au sein de l’Institut d’ingénierie et de management de Grenoble INP autour de la thématique de la vulnérabilité.
Un premier bilan de l’expérimentation devrait être dressé d’ici à l’été 2024, qui pourrait donner envie à d’autres établissements de s’investir sur ces sujets sensibles, mais essentiels.
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