« Je ne sais pas comment continuer à parler de leur mère à mes enfants de 6 et 10 ans. Je ne veux pas créer d’obligation mais je ressens aussi le besoin de parler d’elle et de faire en sorte qu’ils se souviennent de tous ces moments heureux passés ensemble mais aussi de la mère extraordinaire qu’elle était « , nous avait confié Benoît, lors d’un Apéro de la mort. A l’époque, je ne connaissais pas les Cartes de Transmission. Des cartes qui nous invitent à parler de nos défunts, en famille ou lors d’une rencontre ou lors d’un travail thérapeutique.
Briser le silence autour de la mort
Un jeu qui offre cette parole libre que la société ne nous permet, malheureusement, pas toujours. Combien de fois ai-je entendu des personnes me dire : « J’ai l’impression de peser avec mes souvenirs », « Les gens baissent les yeux quand je prononce son prénom »…. Nos morts vivent en nous, mais comment les faire exister malgré le temps qui passe ? Comment trouver le bon moment ou créer des occasions pour en parler ?
En créant ce jeu, Méryl Mouret, coach scolaire et thérapeute, espère briser ce silence. Elle-même a souffert du tabou autour du sujet de la mort dans sa famille. Ses parents lui ont longtemps caché le décès de sa grand-mère maternelle, Marylou, alors qu’elle avait 6 ans. « J’ai appris son décès par une cousine, alors que mes parents continuaient de me faire croire qu’elle était vivante, en me remettant des cadeaux de sa part. Je me souviendrais toujours du jour où mes parents nous l’ont finalement « appris » à ma sœur et moi. Je n’ai pas pleuré, je ne l’ai jamais pleuré et je crois que c’est pour cette raison que les décès vécus plus grande, ont fait jaillir beaucoup de larmes. Lorsque je suis devenue maman, j’ai choisi d’en parler plus librement « , explique t-elle.
Inventer sa propre façon de parler de nos défunts
« Une de ses passions », « sa plus grande gaffe », « Un événement marquant dans sa vie », « Une de ses plus grandes fiertés »… Chacune des cartes appellent à se remémorer puis à évoquer le défunt autant sur sa trajectoire de vie que sur sa personnalité ou encore sur des souvenirs communs. En toute simplicité. Ce jeu peut, à mon sens, aussi bien s’utiliser lors d’une soirée familiale qu’avec des proches, lors d’un Apéro de la mort ou Café Mortel ou encore lors d’un travail thérapeutique, comme outil support pour libérer la parole.
« Le film Coco m’a donné envie d’inventer ma propre fête des Morts. Le 2 novembre, nous avons passé avec les enfants la journée à tout préparer : des photos collées sur un grand panneau, les plats préférés des défunts, des objets qu’ils leurs appartenaient, leurs musiques préférées. Nous nous sommes mis sur notre 31 et nous avons passé un moment à parler d’eux. A la fin de la soirée, les enfants m’ont dit : « c’est mieux que Noël ! quand est-ce qu’on recommence ? »
Des Cartes de transmission pour partager des souvenirs
Le lendemain, Meryl envoie, un peu tremblante, les photos de ce moment, à son père. « Il a été subjugué. J’ai donc commencé à écrire un recueil sur ma vision de la mort, sur ce que j’aimerais apporter et comment. Mon père était mon premier lecteur et ma mère me témoignait déjà d’une transformation. » Le père de Meryl est mort d’un arrêt cardiaque quelques mois plus tard sur la plage en compagnie de ses deux enfants de 5 et 7 ans. Ce n’est que deux ans plus tard que Meryl osera inviter une partie de sa famille à célébrer la fête des morts avec eux. « J’avais imprimé artisanalement des cartes pour que chacun d’entre nous puisse en tirer une. La magie a opéré. On a raconté nos défunts, on a ri… C’était enveloppant et doux. »
Des moments réconfortants et un regard poétique sur la mort que Meryl Mouret nous propose aujourd’hui de vivre à travers ses Cartes de Transmission.
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