Une crise de sépultures sans précédent en Italie
Des défunts sans sépulture, des cercueils entassés dans des tentes de fortune, des crématoriums aux plannings surchargés, l’Italie connaît une crise de sépultures sans précédent. Une situation qui tend à se répandre un peu partout dans le monde avec la pandémie. En France, ce sont surtout les cimetières d’Île-de-France qui saturent. « Selon qu’il s’agisse de grandes métropoles ou de petites communes, le manque de place se présente avec plus ou moins d’acuité » explique Valérie Bailly, directrice funéraire au Syndicat Intercommunal Funéraire de la Région Parisienne (Sifurep) et directrice du cimetière intercommunal des Joncherolles en Seine-Saint-Denis.
Des cimetières agrandis à la hâte en Ile-de-France
Faute de place dans certains cimetières, des familles doivent accepter d’inhumer leur défunt dans une autre commune : « La distance à parcourir est plus longue pour la famille mais les communes s’efforcent alors d’adapter les moyens de transports ou les infrastructures », se félicite Valérie Bailly. À Joncherolles, par exemple, deux entrées ont été créées de manière concomitante avec l’installation de deux lignes de tramway, pour faciliter l’accès au cimetière. » Pour faire face à l’afflux de défunts, de nombreux cimetières sont agrandis à la hâte, quand cela est possible.
Pas de terrain pour construire de nouveaux cimetières
La directrice du Sifurep nous explique que la principale difficulté des grandes villes et des métropoles réside dans la crise du foncier, qui touche moins les petites communes. Certains cimetières ne peuvent plus s’agrandir et les gestionnaires de cimetières ne disposent pas toujours de terrains disponibles pour en construire de nouveaux. Si la crise sanitaire pointe du doigt ce manque de place, le problème est récurrent, depuis plusieurs années. Pour y remédier, les maires et les syndicats intercommunaux tentent de récupérer les sépultures à l’abandon ou en fin de concession, tel que l’impose le CGCT (Code général des collectivités territoriales).
Des avis de recherches pour retrouver les familles
Si la loi n’oblige pas les maires à retrouver les ayants-droits, ils s’en font un devoir moral. Ils effectuent donc un lourd travail de recherche qui n’aboutit pas toujours… Il n’est donc plus rare de voir des affichettes devant les sépultures invitant les familles à se manifester auprès de la mairie pour le devenir de la tombe. Valérie Bailly précise, par ailleurs, « qu’un véritable effort de communication a été fait » et que les gestionnaires se saisissent des différents supports à leur disposition pour toucher un maximum de personnes (annonces dans les journaux municipaux, panneaux d’affichage à l’entrée des villes…). Et de plus en plus de mairie ont recours au recensement numérique pour faciliter la gestion des concessions.
Découvrir que son défunt n’est plus là…
Et malgré tous ces efforts, dans de rares cas, des familles peuvent découvrir que la sépulture de leur défunt n’est plus. « C’est une grande violence pour les proches de constater qu’un autre défunt occupe la tombe, s’émeut Valérie Bailly. Le gestionnaire du cimetière doit pouvoir entendre leur douleur et les accueillir dans des locaux appropriés. Nous avons donc demandé qu’il soit formé à l’accompagnement des personnes endeuillées. Un métier d’empathie et d’humanité »