Deuil non reconnu : quand la souffrance est désavouée


Un deuil non reconnu, ou DNR est un deuil qui n’est pas légitime aux yeux de la société. Il ne s’inscrit pas dans les “normes” du deuil normal. Les personnes touchées par ce type de deuil ne bénéficient pas d’aménagements spécifiques, de statut d’endeuillé et sont généralement mis à l’écart de toutes cérémonies d’hommage et formes de soutien.

Qu’est ce qu’un deuil interdit ?

C’est le docteur Kenneth Doka qui a schématisé cette notion dans son livre Disenfranchised grief, en français, Deuil privé de ses droits : reconnaissance des livres de tristesse cachés. Après des études de psychologie et de thanatologie, il a réalisé de nombreuses études concernant la relation humaine autour de la maladie et de la mort. Selon lui, “il existe des circonstances dans lesquelles une personne éprouve un sentiment de perte mais n’a pas de droit, de rôle ni de possibilité socialement reconnue de s’endeuiller. Le deuil est désavoué”.


Quels sont les trois types de deuil non reconnu ?

La proximité avec le défunt jugée comme trop moindre

Suite à la perte d’un proche extérieur au noyau intra-familial, on peut faire l’objet d’un deuil non reconnu.

Lors du décès d’un ami, il n’est pas rare que la famille décide d’organiser une cérémonie dans l’intimité familiale. Or, l’endeuillé ami du défunt se retrouve privé et exclu de cette étape terriblement importante dans le processus de deuil.

Il en est de même pour la perte d’un collègue, d’un ex-conjoint, d’une personne avec qui la relation était secrète, ou encore d’une relation extra-conjugale. Dans ces situations, la personne endeuillée n’a aucune légitimité reconnue à organiser les obsèques, ni de congés de travail accordés. Le statut d’endeuillé ne fait alors pas l’objet de droits.

Si vous avez besoin d’aide, il existe des thérapies de deuil qui peuvent vous apaiser.

Une souffrance minimisée par l’entourage

  • Suite à certains décès, le statut d’endeuillé est parfois non reconnu. C’est le cas lors des pertes anténatales et périnatales. Les fausses couches, les interruptions volontaires de grossesse, les grossesses extra-utérines sont des situations dans lesquelles les souffrances sont généralement considérées comme mineurs. Le deuil est non reconnu en raison de plusieurs facteurs, comme l’absence de relations sociales ou l’incapacité de mettre des mots sur la nature de la perte.
  • Il en est de même lors du décès d’un animal de compagnie. Certaines personnes entretiennent un lien tout aussi important avec leurs proches qu’avec leur animal de compagnie. Le deuil animal est souvent secret, de peur des moqueries ou d’avoir honte.
  • Enfin, la perte peut être considérée comme non reconnue lorsqu’une personne est socialement comme “déjà partie » ou dont on considère la vie “déjà terminée”. C’est le cas des condamnés à perpétuité, des personnes dans le coma, ou des personnes atteintes de maladies telles que l’Alzheimer.

Découvrez l’interview d’Irène Combres, accompagnante du deuil animalier, sur YouTube

Le statut d’endeuillé non reconnu

  • Il existe trois catégories de personnes concernées par la non reconnaissance du statut d’endeuillé.
  • Tout d’abord, c’est le cas des enfants, qu’on considère trop jeune pour comprendre la réalité de la perte.
  • Le processus de deuil est également amenuisé chez les personnes âgées. Lorsqu’une personne âgée perd son conjoint, on estime qu’il souffre moins du fait de sa vieillesse et celle du défunt.
  • Enfin, les personnes qui présentent une déficience intellectuelle sont jugées comme incapables de comprendre la signification même de la mort. Ils sont souvent mis de côté lors du processus de deuil. Lors de la perte d’un proche, on estime qu’ils ne ressentent pas réellement le deuil. De ce fait, ils sont souvent écartés des cérémonies d’obsèques.

Pourquoi ce type de deuil est-il dangereux ?

Dans le cas d’un deuil non reconnu, “les sources habituelles de soutien ne sont ni disponibles ni efficaces”, explique le docteur Doka dans son livre. La personne endeuillée est exclue des rites permettant de dire adieu au défunt et reçoit très peu voire pas du tout de soutien de la part de ses proches.

Cette situation exacerbe généralement la colère, la culpabilité et le sentiment d’impuissance ressenti. Dans les cas les plus extrêmes, elle génère des réactions pathologiques car le processus de deuil est bloqué, voire interdit. Ainsi, les endeuillés touchés par le deuil non reconnu sont susceptibles de traverser un deuil compliqué ou pathologique.


Comment réagir face à un deuil non reconnu ?

Aujourd’hui, de nombreuses associations proposent de l’aide. Les entretiens individuels, les lignes d’appels téléphoniques et des groupes de parole permettent aux endeuillés qui le souhaitent d’obtenir un suivi ou simplement de parler de ce qu’ils traversent.

Les associations peuvent conseiller de poursuivre vers un suivi psychologique auprès de spécialistes du deuil si cela semble nécessaire. Vous pouvez faire appel à un ou une professionnel.le recommandé.e par Happy End en effectuant le parcours « Je vis un deuil ». Enfin, dans l’entourage de l’endeuillé, il est important d’accepter la souffrance et de ne pas la remettre en cause. Le processus de deuil est un moment très intime et personnel que chacun traverse à sa façon. Il est essentiel de ne porter aucun jugement au risque de blesser.

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