EMDR : une thérapie pour surmonter le traumatisme du deuil


La perte d’un être cher est un sentiment de gouffre auquel chacun est confronté au cours de sa vie. Dans la plupart des cas, le temps et le processus de deuil permettent de dépasser le traumatisme que peut représenter la perte d’un proche. Mais dans 20% des cas, cette perte peut laisser des séquelles traumatiques, connues sous le nom de post-traumatic stress disorder (PTSD), ou syndrome de stress post-traumatique en français. Pour dépasser cet état, on peut avoir recours à l’EMDR (eye movement desensitization and reprocessing). Une méthode thérapeutique de plus en plus populaire.

Comment reconnaître un syndrome de stress post-traumatique ?

Dans le cadre du deuil, les états de stress post-traumatiques surviennent lorsque le cerveau ne parvient pas à “digérer” les évènements liés au décès. Il peut s’agir d’une mort violente (accident de voiture, meurtre, etc..) ou de décès soudain (suicide, AVC, crise cardiaque). Les personnes ayant assisté au décès de leur proche, ou ayant découvert le corps du défunt sont généralement plus sujettes au stress post-traumatique.

Trois symptômes associés à ce syndrome :

  • Les évènements liés au décès sont sans cesse ressassés ou re-vécus
  • L’évitement de tous les éléments qui peuvent rappeler le décès
  • État de stress persistant pouvant s’illustrer par la dégradation du sommeil, l’irritabilité, l’hypervigilance ou des difficultés de concentration

Quand faut-il se tourner vers l’EMDR dans le cadre du deuil ?

Après un décès, il est normal que le deuil puisse prendre plusieurs mois. Durant cette période, les individus sont généralement plus fragiles et stressés. Néanmoins, dans le cas de morts violentes, ou choquantes, le deuil peut être plus difficile. Si les symptômes précédemment cités ne perdent pas en intensité au fil des mois, et que vous ne parvenez pas à avancer dans votre processus de deuil, c’est que vous êtes peut être sujet à du stress post-traumatique.

Pour dépasser cet état et relancer le processus de deuil, vous pouvez alors vous tourner vers des professionnels diplômés en EMDR.

Découvrez le témoignage d’Edith, qui a eu recours à l’EMDR suite à l’accident de voiture qui a tué sa soeur et son fils.

Qu’est ce qu’est l’EMDR ?

L’EMDR vise à désensibiliser et à retraiter des situations de souvenirs traumatiques ou perturbants.

Cette thérapie a prouvé son efficacité en aidant d’anciens combattants à surmonter le stress post-traumatique de la guerre du Vietnam. Ce protocole de soin permettait de venir à bout de symptômes récurrents apparus à leurs retours (cauchemars, crises d’angoisse, insomnies…).

C’est le psychiatre François Bonnel qui importe le principe de l’EMDR en France, suite à un séjour en Californie. En 1994, il crée la première institution entièrement dédiée à la thérapie, aujourd’hui connue sous le nom de EMDR France. L’EMDR est encore relativement peu connue du grand public. Toutefois, son efficacité dans le psycho-traumatisme est reconnue depuis 2004 par la Fédération Française de Psychiatrie et depuis 2007 par la Haute Autorité de la Santé en Europe.

Si vous ne parvenez pas à faire vote deuil, découvrez également EFT et deuil : se libérer des émotions négatives liées à la perte d’un proche


Comment ça fonctionne ?

D’un point de vue pratique, l’EMDR est basée sur la reproduction des mouvements oculaires que nous faisons naturellement dans notre sommeil, particulièrement lors de phases de rêves. “Dans certaines situations de peur, ou de choc, le cerveau se bloque et n’est pas capable de traiter les informations”. Celles-ci “restent comme en attente”. L’objectif de la thérapie EMDR est alors de remettre en route les canaux de guérison naturels du cerveau.

Pour Patricia Anglès d’Auriac, cette remise en route se décrit comme le fait d’ “aller ré-activer la personne au moment où elle a vécu un événement traumatique pour remettre en marche le système cérébral de l’individu et lui permettre d’assimiler l’information non traitée”.

En cas de perte d’un proche, une fois réactivés, les canaux de guérison du cerveau doivent permettre au patient de surmonter son état de stress post-traumatique, et de poursuivre correctement son processus de deuil.

En quoi consiste une séance d’EMDR dans le cadre d’un deuil ?

Une thérapie d’EMDR commence par la définition avec le thérapeute des éléments traumatiques à surmonter, et de l’importance de leur impact sur le patient. Ces éléments sont par la suite traités un par un.

Pour les traiter, le thérapeute va replonger le patient dans son souvenir traumatique (découverte du corps, souvenirs d’un accident, etc..). “On fait revivre l’événement au patient, en activant le souvenir via des mots, des sensations ou l’évocation des croyances négatives du patient : je suis nul, c’est de ma faute, ça sera toujours comme ça...  »

Grâce aux mouvements oculaires latéraux  le/la thérapeute va ré-activer le système hypothalamo hypophysaire, ce qui permet de désensibiliser la charge émotionnelle que représente la situation traumatique, et remplacer les croyances négatives par des croyances positives.

Une séance dure entre 45 minutes et 1h30. Si cette thérapie est généralement considérée comme une “thérapie courte”, Patricia Anglès d’Auriac précise qu’on “ne peut pas prévoir la durée de celle-ci à l’avance. Elle varie selon les cas et les patients.”

Deuil : pourquoi l’EMDR peut il être recommandé ?

Outre les situations de décès brutaux ou traumatiques évoqués précédemment, l’EMDR peut également venir soulager les sentiments de très fortes culpabilité à l’égard du défunt. La thérapeute Patricia Anglès d’Auriac précise que ce sentiment peut représenter un “micro traumatisme” pouvant entraver le processus de deuil.

En prenant l’exemple du cas d’une de ses patientes elle raconte : ​​ » La dernière fois qu’elle a vu sa mère elles étaient en désaccord, et deux jours après, elle a appris sa mort. » Elle s’en veut donc beaucoup, elle a eu le sentiment de ne pas s’être assez occupée de ses parents, ou de ne pas avoir été assez là pour eux. Les regrets et la culpabilité sont très souvent présents dans le deuil, mais la plupart du temps c’est un sentiment irrationnel.

Avec ma patiente, on a travaillé sur le fait qu’elle ne pouvait pas porter toute seule l’addiction à l’alcool de ses parents. Qu’elle n’avait pas à s’en vouloir.  Dans ce type de cas, où la culpabilité est trop grande et empêche le processus de deuil,  on travaille, en EMDR, surtout sur la relation qu’avait le patient avec le défunt, plus que sur la mort de celui-ci.  »

Comment choisir son thérapeute EMDR ?

Plusieurs types de thérapeutes (psychologues, psychiatres, psychothérapeutes, etc…)  peuvent être formés aux techniques d’EMDR. Il est important de faire appel à un professionnel qualifié. En effet les techniques d’EMDR peuvent réveiller d’autres traumatismes enfouis, que le thérapeute doit être en capacité de gérer.

Le site de l’association EMDR France regroupe les professionnels français diplômés.

Vous pourrez y retrouver le profil de Patricia Anglès d’Auriac. 

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