Entretenir une tombe quand on vit à plusieurs centaines de kilomètres peut s’avérer difficile voire impossible. Yann Lepage a connu cette frustration : « À distance, nous ne pouvions pas nous occuper de la tombe de nos grands-parents et rien n’existait. Les pompes funèbres ne sont pas en mesure de proposer ce type de service. » Face à ce douloureux constat et conscient que de nombreuses familles partageaient la même difficulté, ce directeur marketing décide de quitter son entreprise d’agro-alimentaire pour créer en 2008, avec son associé Flavien Jourdain, En sa mémoire, un service d’entretien et d’embellissement de tombes.
En sa mémoire : un projet aux valeurs fédératrices
Les deux amis, anciens sportifs de haut niveau, se sont connus jeunes au Centre d’études des sportifs nationaux et internationaux (CESNI). Puis leurs routes professionnelles se sont séparées – Flavien a fait carrière dans le social – mais parce qu’ils partagent les mêmes valeurs, ils se sont retrouvés pour donner vie à un projet novateur. Pendant quatre ans, ils ont officié seuls. « Nous avons tiré de nombreux enseignements de cette expérience de terrain : la rigueur, le goût du travail bien fait, le développement de bonnes méthodes et de produits biodégradables, une connaissance des attentes des familles… », se félicite Yann Lepage. Aujourd’hui, âgés de 46 ans, ils ont constitué une équipe solide, réunissant deux assistantes et dix techniciens mobiles prêts à intervenir sur toute la France, jusqu’en Belgique et au Luxembourg.
Pour Yann, « c’est un métier particulier, qui demande d’avoir le sens des valeurs, l’envie de faire plaisir et d’aider les familles car il y a un poids émotionnel très lourd derrière cette problématique. On est sur la gestion du deuil plutôt que du décès ». Un métier si particulier, que depuis le départ, personne n’y croit vraiment, « les gens pensent que l’on sous-traite alors que ce sont nos employés qui assurent la prestation. Chaque équipier dispose d’un véhicule de fonction, d’un téléphone et de tout le matériel nécessaire à l’entretien des tombes, en toute autonomie ». À l’origine, le duo traitait en direct avec les familles mais depuis deux ans, il a gagné la confiance des pompes funèbres, ainsi que les grandes fondations, telles que Les Petits frères des pauvres, qui gèrent des legs, des charges testamentaires auxquelles elles doivent répondre.
Le numérique au service de l’entretien des tombes
« Notre métier est essentiellement digital, nous n’avons que rarement les familles en direct. Tout s’effectue via notre application. J’ai développé un algorithme qui permet d’optimiser nos déplacements et ainsi répondre au mieux à la demande », explique Yann. Pas moins de 15 000 tombes ont été entretenues cette année. Une approche numérique qui permet de cartographier les tombes et donc les cimetières en participant à leur recensement. Outre le nettoyage, En sa mémoire propose également le fleurissement et l’embellissement des tombes, de petits aménagements paysagers, fournissant à chaque fois des photos avant/après pour les familles.
D’un à 24 passages par an, la famille choisit en fonction de ses besoins et la demande ne cesse de croître. De nouvelles embauches sont prévues en 2022. « On ne recrute que sur des valeurs puisque c’est un nouveau service, nous formons nous-même notre personnel. Nous ne sommes qu’au début de l’aventure ! »