Enterrement juif : comment ça se passe ?


Dans le judaïsme, la mort n’est pas une fin. Elle n’est qu’un étape de passage qui mène le fidèle depuis la vie terrestre jusqu’à un autre monde. L’organisation des obsèques pour une famille juive doit suivre les principes de la Torah, qui indique clairement que le défunt doit être inhumé. Comme chez les musulmans, l’inhumation doit se faire le plus rapidement possible.

Selon la tradition juive, le corps mérite le plus grand respect. Ainsi, la crémation constitue une profanation envers le défunt pour les juifs. Les soins de conservation (la thanatopraxie) sont généralement évités, sauf obligation légale (lorsque l’inhumation doit se dérouler à l’étranger). À cause du Shabbat, un enterrement juif n’est jamais effectué un samedi.

Un rite pour matérialiser la douleur

Les cérémonies funéraires juives suivent les coutumes de près.

  • Après le décès, le corps du défunt ne doit pas être touché. En attendant que l’âme quitte le corps, les proches prient. On récite le verset du Chema Israël, (« Ecoute Israël, le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est un ») afin de faciliter le voyage du défunt vers le monde céleste. Suite à la prière, on peut toucher le corps et le mettre dans une position respectueuse.
  • Selon l’usage, c’est au fils qu’on laisse la tâche de fermer les yeux et la bouche du défunt.
  • Au cours d’une cérémonie de veillée, le défunt est entièrement recouvert d’un drap blanc et une bougie est posée près de son visage.
  • Le défunt ne reste jamais seul. La coutume veut que sept parents (le mari ou la femme, les enfants, les parents et les frères et soeurs) déchirent une pièce d’un vêtement à hauteur de leur coeur en restant debout, en signe de deuil. Ce rite de la « Kri’a » permet d’exprimer la déchirure irréparable émotionnelle causée par la perte du disparu. Le vêtement déchiré sera conservé pendant sept jours avant d’être jeté.

Une toilette rituelle purificatrice

Vient ensuite le moment de la toilette mortuaire, étape importante dans la cérémonie d’obsèques juive dans le but de purifier le corps. Elle est effectuée par les membres de la « Hevra Kaddicha » (une assemblée de juifs pieux et dévoués) . C’est un rituel qui consiste à déshabiller le corps, le débarrasser de toutes ses impuretés en l’immergeant dans un « mikvé », bain utilisé lors de la toilette purificatrice. Pour les juifs, ce nettoyage mortuaire permet de libérer l’âme du corps et il est pratiqué en silence, dans une pièce isolée de tous.

Un linceul blanc pour envelopper le défunt

Par pudeur, seules les femmes de la « Hevra Kaddicha » peuvent faire la toilette d’une femme ou d’une jeune fille décédée. Le défunt est ensuite enveloppé dans un linceul blanc, appelé le « Takhrikhim ».

Après la mise en bière, soit le moment où le corps est placé sur le dos sur une couche de paille déposée au fond cercueil et exposé à la famille, le défunt ne peut plus être ni touché ni embrassé. Ce sont ces mêmes membres pieux de la « Hevra Kaddicha » qui répandent de la terre provenant d’Israël dans le cercueil. Ils se relaient ensuite pour veiller sur le défunt juif et lui chanter des Psaumes jusqu’au jour de la mise en terre.


Une inhumation en toute sobriété

L’accompagnement d’un défunt jusqu’à sa destination finale au cimetière est un grand devoir pour les juifs (mitsvah). C’est l’ultime faveur qu’on puisse lui prodiguer.

  • Le cercueil, ou la civière si le défunt est inhumé à même la terre, est porté sur l’épaule
  • L’enterrement juif est tout simple. D’ailleurs, le cercueil est dénoué de tout ornement superflu.
  • De la même manière, les vêtements extravagants et les bijoux sont à éviter tandis que les hommes se coiffent uniquement d’une kippa.
  • Au moment de la descente du cercueil, le rabbin prononce l’éloge funèbre tandis que l’un des proches récite le « Kaddish », une prière glofiant Dieu. Cette lecture nécessite la présence de 10 hommes dans l’assemblée. Lorsque le cercueil est descendu dans la tombe, les proches y jettent trois pelletées de terre. Dans la coutume juive, on ne dépose pas de fleurs sur la tombe mais une pierre.
  • L’enterrement juif a lieu dans un cimetière dédié aux juifs ou dans des « carrés juifs »qui sont des espaces dans certains cimetières multiconfessionnels réservés aux membres de la communauté juive.
  • Souvent, par manque de places dans ces « carrés juifs », les familles juives résidentes en France, optent pour le rapatriement du défunt en Israël. Le corps y sera enterré à même la terre comme le prescrit la tradition juive.
  • En France, la législation impose le cercueil pour raison sanitaire.
  • Avant de quitter le cimetière, la famille et les proches se lavent les mains sans les sécher. Cette action témoigne de la présence durable du défunt auprès de ses proches. Ces derniers rentrent ensuite chez eux par un chemin différent de l’aller.

Enterrement juif : Un deuil en 3 étapes

Suite à l’inhumation, la période de deuil se fait en 3 étapes (à lire : les 5 étapes du deuil selon Kübler-Ross), correspondant à 3 échelles dans le temps. Imposées aux « onens » , les sept membres de la famille les plus proches du défunt (les enfants, les parents, le mari ou la femme), ces étapes les soumettent à certaines contraintes.

  • Après l’inhumation, un repas souvent composé d’oeufs durs ou de lentilles (symboles du cycle de la vie et de la renaissance) réunit tous les proches.
  • Dans la coutume juive, on boit aussi un verre de vin kasher en récitant une formule de consolation.
  • Ensuite, pendant les sept premiers jours du deuil, qu’on appelle « shiva » (lire notre article sur les rites juifs qui aident à faire son deuil), les « onens » ont l’interdiction de travailler, de se laver le corps ou les vêtements, de lire la Tora, de se raser, de porter du cuir et de quitter la maison. Une veilleuse reste sans cesse allumée.
  • On recouvre d’une étoffe tous les miroirs, symboles de vanité.
  • Chaque soir pendant cette première semaine, dix adultes juifs se réunissent pour réciter le « Kaddish ».
  • Ces restrictions sont toutefois levées le samedi pour le Shabbat, jour saint pour les juifs.
  • Les trente jours qui suivent l’enterrement sont appelés « sheloshim ». C’est un deuil au second degré où les règles concernant la toilette et l’habillement deviennent plus indulgentes. En revanche, les endeuillés n’ont toujours pas le droit de se raser, de se couper les cheveux ni de porter des habits neufs. L’année suivant un enterrement juif est appelée « shana », et les « onens » qui portent le deuil doivent régulièrement dire le « Kaddish ».

À lire aussi :


EnterrementJuifRites funéraires