« Chaque mémoire d’homme devrait être inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité ! » De cette volonté est née EternesiA. Une association portée par Dominique Pon et Serge Maitrejean qui donnera, un jour, naissance à une plateforme numérique où chacun pourra mettre à disposition, s’il le souhaite, ses mémoires. Un projet un peu fou mais surtout « éthique, non lucratif et philanthropique », s’enthousiasme Dominique Pon.
Le quinquagénaire, aujourd’hui directeur de la clinique Pasteur à Toulouse et chargé de mission numérique au ministère de la Santé, s’est très tôt demandé « pourquoi la mémoire n’appartiendrait qu’aux élites, pourquoi telle ou telle vie mériterait plus d’être racontée… ».
À terme, tout un chacun pourra y déposer différents contenus (écrit, vidéo, peinture, musique, témoignage, récit de vie, etc.) et ainsi laisser une trace de soi au-delà de sa mort, de sorte que ce patrimoine mémoriel soit la propriété de tous.
« À long terme, le projet EternesiA peut apporter une contribution majeure à nos interrogations concernant nos origines, par l’apport informatif des traces qui seront laissées pour les générations futures », explique Dominique Pon, avant d’ajouter que ces données seront récoltées sur la base du volontariat. « Il s’agit de proposer et non d’imposer, car le droit à l’oubli est tout aussi important. »
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EternesiA, un projet à l’échelle de l’humanité
Les fondateurs d’EternesiA souhaiteraient que ce projet soit porté à l’échelle de l’humanité sous l’égide d’un consortium d’État, de l’ONU ou l’Unesco. Mais pour introduire ce projet dans le débat public, il faut aussi lever le tabou de la mort.
« Accepter sa finitude dans un geste altruiste », selon Dominique Pon. Dans un premier temps, l’appui de mécènes permettrait la création d’une fondation et ainsi la mise en place d’un prototype, avec l’engagement que tout contenu ne soit pas la propriété d’une personne ou d’une société, mais de l’humanité.
Lutter contre l’oubli pour apaiser le deuil
Outre le partage et la transmission, ErtenesiA est aussi un moyen d’alléger le poids du deuil, tel que décrit dans le livre blanc consultable sur le site de l’association : « La seule réalité d’un ensemble d’archives relatives à un proche et l’idée qu’elles perdureront bien au-delà de notre propre existence, peuvent délester du fardeau de la mémoire et de celui de la culpabilité de l’oubli, qui sont deux obstacles auxquels nous sommes confrontés pour faire complètement un deuil. Ce sera là, présent quelque part, et c’est déjà beaucoup. »
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