71% des Français.es souhaitent observer un maximum d’efforts pour rendre leur enterrement plus éco-responsable. Pour répondre à cette demande grandissante, de nouvelles alternatives émergent en France. Parmi elles, le cimetière vert propose d’inhumer l’urne ou le cercueil d’un défunt de manière totalement écologique.
Le cimetière vert de Niort, premier du genre en France
Si les cimetières verts sont monnaie courante dans les pays d’Europe du Nord comme l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas ou le Royaume-Uni) et de l’autre côté de l’Atlantique, ils sont nettement moins développer en France.
Le tout premier cimetière écologique a ouvert ses portes en février 2014 dans le quartier de Souché (dans le 79) à Niort. Ce lieu, conçu par la ville, qui ressemble à tout sauf à un cimetière, s’étend sur quatre hectares ! Ici, pas un m2 de marbre à l’horizon. On se balade le nez au vent, au milieu des tilleuls.
Ce « cimetière naturel », a été créé à l’initiative de Dominique Bodin, ex-conservateur des cimetières Niortais, qui se désolait de l’état des cimetières français, désertés par les habitants. Il a donc imaginé un lieu moins austère, plus accueillant et surtout plus respectueux de l’environnement.
« Des gens nous appellent de toute la France mais les places sont réservées aux personnes nées ou décédées à Niort ou qui y ont une concession familiale », rappelle Eve-Marie Ferrer, paysagiste en charge du projet.
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Enterrement aux clauses 100% écolos
Dans ce cimetière vert, vous ne verrez pas de caveau en béton, ni de dalle en granit venu du bout du monde. En effet, la-bas, l’inhumation se fait en pleine terre.
« Nous autorisons uniquement les cercueils en bois non traité et non lasuré et les cercueils en carton. Quant aux urnes, elles doivent obligatoirement être des urnes biodégradables » explique Eve-Marie Ferrer.
Pour bénéficier d’une place, les familles signent une charte qui les engagent à :
- Ne pas réaliser de soins de thanatopraxie (soins de conservation), excepté en cas d’absolue nécessité. Il faut savoir que ce processus qui consiste à injecter dans le corps plus de 15 litres de formol pour mieux conserver le corps est très toxique. Lors d’une inhumation, il entraîne la pollution des sols et lors d’une crémation, le rejet de dioxine dans l’air…
- Les familles sont aussi invitées à privilégier les fibres naturelles telles le lin, le coton, le chanvre, dans le choix des vêtements portés par leur proche décédé.
- Le monument funéraire est remplacé par une simple pierre en calcaire pour limiter l’impact néfaste des importations sur l’environnement.
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La nature reprend ses droits
« Ce cimetière vert est un parc super agréable où se balader. Beaucoup de gens y viennent juste pour le plaisir », explique Eve-Marie Ferrer.
Dans ce jardin, où l’on trouve beaucoup de végétaux locaux et champêtres, la nature reprend ses droits.
« À force d’utiliser des herbicides dans les cimetières traditionnels, le sol est devenue stérile et ne peut plus absorber la matière organique des corps », explique Eve-Marie Ferrer
D’où la décision de proscrire l’utilisation de produits phytosanitaires et de ne tondre que les allées piétonnes.
Aujourd’hui, le cimetière vert de Niort n’est plus le seul en France à proposer une dernière demeure 100 % écologique. Depuis 2014, cinq autres cimetières de ce genre sont sortis de terre :
- À Périgueux en Dordogne en 2018 avec le cimetière Saint Augûtre, grand d’un hectare.
- À Ivry-sur-Seine en région parisienne en 2019. Un espace de 1 560 m² accueillant 157 concessions.
- À Aytrés en Charente-Maritime en 2022. Une paisible parcelle boisée de 2 000 m² et propose environ 150 emplacements.
- À Plaisance dans la Vienne en 2022. Une vaste parcelle enherbée de 6 000 m².
- À La Rochelle en Charente-Maritime en 2023. Un espace d’un peu plus d’un demi hectare accueillant 105 emplacements, dont 20 doubles.
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