Lila est malade. Le Covid-19 est passé par là… Elle sera pourtant épargnée.
Quand le virus est arrivé, elle a d’abord cru à un « rhume ». Puis à une « grippe ». C’est au fil du temps qu’elle a compris que c’était lui. Le « coronavirus ».Elle ne savait pas s’il allait « s’installer » (?) Elle n’a pas essayé de l’apprivoiser. Ni même de converser. La conversation, euh…, la « conversion », il la faisait tout seul ! L’air de rien, il la transmutait en « nid douillet ». Lila a bien retenu ce qu’ont dit les savants : les humains sont des nids d’infortune pour les virus égarés (il faut bien un nid pour se multiplier) ! Mais elle ne lui en veut pas. Dans la vie, il y a de drôles de rencontres, comme ça.
Est-ce que ça « passera » ?
Pour elle, Lila n’a pas peur. Elle n’a pas réclamé de coupable. Elle n’a pas réclamé de test. De masque. De Docteur. Elle a juste attendu »que ça passe » (sans savoir si elle « y passerait » ?) Elle est restée avec cette vision dépouillée des choses. Avec ‘presque rien’. De la Confiance. De la Patience. Elle est restée au lit et – à la lettre- elle a suivi la consigne du médecin du « 15 » (du paracétamol et du repos). Elle a suivi, aussi, de l’intérieur, tous les mouvements de son corps, et sa parole, à demi-mots.
Dehors : les « insulteurs » du Covid-19…
Dehors, il y en a qui s’en fichent. Il y en a qui croient que c’est un Mal nécessaire. Il y en a qui se baladent. Lila les voit comme des insulteurs. Des « yeux-fermés ». Des insouciants. Des « bien-portants »… Ils ne croient « que ce qu’ils voient » ! Et comme il n’y a rien à voir : ils ne s’emploient pas à protéger les vivants. Ils ont pourtant bien eu droit à une explication-de-texte. Mais il leur manque le sous-texte (la « conscience »)…
Le virus, vu de l’intérieur
Lila n’a pas les mots pour leur dire… La dérive. La perte de la verticalité ! Les soustractions successives lorsqu’on est malade : plus de goût. Plus d’odeur. Plus d’envies. Plus d’air…. L’asphyxie progressive : l’air qui manque, l’air qu’on cherche. La perte des repères. Le Temps qui s’ouvre en grand et se dilate. Et ici et là, des douleurs.
Lila cherche des mots pour le décrire… Ce baptême du feu étrange : les fièvres virulentes qui consument littéralement, de l’intérieur. La part de soi qui est en train de mourir et dont on ne sait pas ce qu’elle emporte ? (Tout ? Ou partie ?)
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Mourir ? Survivre ?
Et pendant que son corps sait ce qu’il a à faire, Lila s’applique à « laisser faire ». Tout comme elle l’a fait la fois d’avant, avec un cancer papillomavirus (c’était il y a 5 ans). Pour le coronavirus, Lila a de nouveau ressorti son dossier (intitulé mes obsèques) et attendu de voir si la Vie filait ( ?) Mais finalement, au bout d’un mois et demi, c’est « passé ». D’autres sont partis. Beaucoup d’autres… Et elle, elle est restée. Lila en a pleuré. Elle sait bien qu’elle n’est qu’un « vivant périssable » parmi d’autres. Que pour tous, « le temps est compté »…
Alors, elle « l’aime tant, ce temps qui reste » ! Le temps de vivre. Ici et maintenant. Confinée dans cette joie vivre (survivre), Lila savoure chaque instant.
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