Roby, mon compagnon, m’a demandé en mariage le jour de mes 60 ans. Je venais de perdre ma mère et je traversais une période difficile. Malgré tout l’amour que j’éprouvais pour lui, on a préféré remettre ce projet à plus tard. Quelques mois plus tard, en janvier 2018, nous apprenions qu’il était atteint d’un cancer du cerveau… Puis, c’est la double peine. La biopsie réalisée pour constater l’ampleur de la tumeur entraîne la paralysie du côté gauche de son corps. Soudainement, il a besoin d’accompagnement dans ses gestes quotidien. Ensemble, nous n’avions plus qu’un seul objectif : faire face. Un combat épuisant physiquement mais aussi moralement.
J’ai compris que le temps nous était compté
En mars 2020, nouveau choc. Une IRM révèle que la tumeur s’est développée. Après une courte hospitalisation à domicile, Roby est transféré à l’Institut de cancérologie de Strasbourg. J’ai su, à ce moment-là, que le temps nous était compté et que nous n’aurions certainement jamais la possibilité de nous marier. Son état nécessitait des soins palliatifs et une surveillance médicale permanente. En quelques jours, l’état de Roby s’est dégradé. Il ne pouvait plus ni se mouvoir, ni parler. Je lui ai demandé à mon tour de m’épouser. Il a seulement pu me faire un petit signe de la main pour me dire « oui ». Sur les conseils l’hôpital, j’ai déposé une demande officielle de mariage civil en urgence. Nous aurions pu être mariés dans la journée mais il aura fallu que Roby exprime son accord à l’officiant, ce qui n’était plus possible…
Selon la mairie, si je voulais rendre notre union officielle, je n’avais plus qu’une solution : avoir recours au mariage posthume. Comment se projeter dans un acte qui allait seller notre amour alors qu’il était au seuil de la mort ? Le 19 juin 2020, soutenu par l’équipe médicale de l’Institut de cancérologie, nous avons tout de même célébré un mariage spirituel, sans valeur légale. Il est mort une semaine plus tard. Quelques jours après, malgré cette union symbolique, j’ai ressenti un besoin immense de faire reconnaître notre union.
Le mariage posthume rend hommage à notre amour
Après onze mois de démarches pour constituer un dossier solide puis quinze mois d’attente, j’ai obtenu le droit d’organiser mon mariage posthume grâce à un décret signé par le Président de la République. Une belle victoire après un parcours semé d’embûches et éprouvant moralement. J’ai dû recueillir des témoignages de plusieurs membres de ma famille pour prouver que Roby souhaitait notre mariage. J’ai aussi dû me soumettre à une enquête judiciaire.
Je serai seul pour la cérémonie mais Roby sera à mes côtés autrement
J’ai choisi la date du 19 juin 2023, trois ans jour pour jour suite à notre mariage spirituel. Comme pour un mariage classique, je vais passer devant le maire avec mes témoins. Je serai seul physiquement mais je sais que Roby sera à mes côtés d’une autre façon. Cette perspective m’aide beaucoup à cheminer dans mon deuil.
J’ai tenu à inviter une trentaine de personnes. Notre entourage sera présent ainsi que les personnes qui nous ont aidé et soutenu au cours de sa maladie. Je prévois de lire des textes et de partager des moments de vie. Ce mariage sera une célébration, teintée de joie et d’émotions, mais surtout une manière de témoigner publiquement de mon amour et de le faire exister.
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