Avec la douleur du deuil, la question de prendre ou non des médicaments pour tenter d’apaiser sa peine peut naturellement se poser. Antidépresseurs, anxiolytiques, somnifères, ces médicaments peuvent vous aider, mais alors quand et pourquoi les prendre ?
Avant toute chose, rappelons que même si une prise en charge médicamenteuse peut aider certains endeuillés, cela n’est pas le cas pour tout le monde. Rien ne justifie une prescription systématique de médicaments. Pour certaines personnes, consulter un thérapeute ou intégrer un groupe de parole peut être d’un grand soutien et suffire pour soutenir leur chemin du deuil.
Quand se faire prescrire un traitement ?
Pour savoir quand la prescription de médicaments est adéquate, il n’y a pas vraiment de règle universelle, votre médecin généraliste ou votre psychiatre abordera le sujet avec vous et évaluera le besoin, en fonction de votre situation, du contexte de la perte et de la manière dont vous traversez votre deuil. La prescription doit dans tous les cas être ajustée. Pour le docteur Christophe Fauré “Il n’y a pas de réponse univoque à cette question car chaque situation est particulière.”, il existe autant de deuils que de personnes endeuillées et la prise de médicament peut se faire de manière transitoire.
Il existe trois types de médicaments prescrits en fonctions des différents besoins :
- Les somnifères (Imovane, Noctamide, Donormyl…) qui peuvent être utiles pour retrouver le sommeil et surtout un sommeil réparateur afin que l’organisme puisse se régénérer.
- Les anxiolytiques ( Tranxène, Lysanxia, Lexomil, Xanax, Valium…) qui contribueront à calmer l’angoisse et l’anxiété.
- Les antidépresseurs (Prozac, Deroxat, Zoloft, Effexor…) qui agiront sur l’apparition des symptômes dépressifs mais sans pour autant faire disparaître la peine.
Les médicaments peuvent-ils entraver le processus de deuil ?
Les médicaments peuvent aider dans le deuil, mais dans le cadre d’un mauvais suivi ou d’une prescription précipitée, lors des obsèques par exemple, ils peuvent avoir des effets négatifs sur son évolution. Dans un chemin à travers lequel il vous faudra accepter et vivre vos émotions, qui sont parfaitement naturelles, les antidépresseurs peuvent bloquer vos émotions et devenir un frein. Comme l’explique Christophe Fauré dans son livre Vivre le deuil au jour le jour, avec la prise d’anti-dépresseurs certains patients n’arrivent plus à pleurer alors qu’ils sentent que cela leur ferait du bien.
Les conséquences pour l’endeuillé peuvent alors être délétères. La personne pourrait être amenée à fuir la douleur de son deuil, à la repousser sans cesse alors qu’il est indispensable pour elle de la rencontrer et de la traverser.
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“Il ne faut pas non plus tomber dans l’extrême inverse et refuser totalement la prise de médicament à une personne en deuil en souffrance parce qu’elle ne présente pas tous les symptômes de la dépression clinique.”, indique Christophe Fauré.
Le médicament, un outil d’apaisement, mais pas une fin en soi
Il faut bien garder à l’esprit que dans un processus de deuil, les médicaments n’ont, en aucun cas, pour objectif de faire disparaître la peine.
Les médicaments sont un outil efficace quand ils s’inscrivent dans une approche thérapeutique plus globales qui prend en compte la réalité de chaque deuil. Ayant un but transitoire, le médicament n’est pas une fin en soi. Les prescriptions devront être réduites progressivement en fonction des besoins jusqu’à l’arrêt de la prise de médicament.
L’écoute comme remède
Parfois, verbaliser votre ressenti se trouve être le meilleur remède. Les médecins généralistes et psychiatres sont là pour être à votre écoute en premier lieu.
Ainsi, ils peuvent certes, si cela convient à vos besoins, vous prescrire des médicaments, mais aussi vous orienter vers des professionnels comme des psychologues ou des sophrologues ou vous indiquer des associations qui organisent des séances de groupes ou des séances individuelles.
Pour rencontrer d’autres endeuillés qui pourront vous comprendre et entendre votre peine, vous pouvez également vous rendre à des Apéros de la mort . Ces moments conviviaux et de partage sont des espaces pour déposer vos émotions et rencontrer des personnes qui partagent la même expérience que vous. Des soutiens précieux.
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