« Ce matin, je sais que malgré toute ma force, si je ne pose pas un pied au sol, là, maintenant tout de suite, je ne voudrai plus jamais me lever de toute ma vie. (…) Une partie de nous s’en est allée avec Léo, et nous nous devons de garder celle qui reste sur terre ». Le 26 mars 2018, Léo, un petit garçon de quatre mois et demi, plein de vitalité, est décédé au domicile de son assistante maternelle.
« Survivre, ce n’est pas vivre sans Léo, c’est vivre avec et pour lui »
Sa maman, Julie, par instinct de survie a pris la plume. Pour crier sa douleur, parler à Léo, lui raconter la vie sans lui et pour lui… Car, depuis le drame, Julie et son compagnon Charles se sont fait une promesse : être heureux (Vous pouvez écouter leur témoignage ici). « Survivre, ce n’est pas vivre sans Léo, c’est vivre avec et pour lui. Nous avons toujours été des gens heureux et il n’y aucune raison que cela change : on lui doit bien ça après tout le bonheur qu’il nous a apporté et nous apportera toujours. »
Après avoir apprivoisé la tristesse et la rancœur, Julie a cherché la lumière dans ce trou noir. Elle l’a trouvée. « Une des étapes du deuil est la quête de sens », explique-t-elle. Être la maman d’un enfant décédé suite à mort inattendue du nourrisson (MIN) me donne un rôle précis : celui de protéger d’autres bébés en donnant des conseils de prévention des risques. » Un drame qui touche près de 450 enfants chaque année. Elle s’y attelle aujourd’hui à travers son blog et son livre Mon étoile Léo, mais pas seulement.
À lire
« Le deuil fait peur et dérange »
Après avoir quitté son poste de responsable dans l’industrie du textile, elle s’apprête à entreprendre une formation d’accompagnement périnatal des parents et futurs parents. Son objectif ? Épauler et accompagner les parents avant, pendant et après la naissance de leur bébé. Elle se lancera dans cette nouvelle aventure dans quelques mois.. Car depuis cette épreuve, « les indestructibles », comme elle surnomme le couple qu’elle forme avec Charles, multiplient les beaux projets : ils ont déménagé en Normandie, rompu avec leur rythme professionnel de dingue, se sont mariés, ont adopté un chien, et la famille va s’agrandir dans quelques mois.
A travers Mon étoile Léo, témoignage poignant, Julie dénonce aussi le tabou du deuil qui règne dans notre société. « Le deuil fait peur et dérange. Donc je fais peur et dérange. D’autant plus qu’il s’agit du deuil d’un enfant, d’une mort subite du nourrisson, d’une mise en examen pour homicide involontaire : le triple interdit. Les parents endeuillés ne sont pas assez accompagnés. (…). Nous sommes face à la brutalité de la réalité sociale et administrative (Lire son témoignage).
Devoir dire et redire, expliquer, se justifier de la mort d’un proche. Une formalité annuelle nous a amené à SUPPRIMER Léo. La froideur de cette procédure est inhumaine. Comme la mort d’un enfant ne devrait pas arriver, rien n’est prévu en ce sens, au risque de ne pas épargner les parents« . Elle compte sur le projet de loi sur le deuil qui sera discuté début mars pour adoucir le parcours des parents endeuillés.
« Etre les parents d’un ange, c’est avoir des talents d’équilibristes et de jongleurs pour passer du rire aux larmes. (…) Savoir l’accepter et non l’éviter, car notre quotidien comprend ces deux faces pour ne former qu’un seul tout : notre vie qu’on échangerait pour rien au monde, malgré tout. »
Son livre : Mon Etoile Léo, de Julie Pestana Artero, éditions Michalon.
Commentaires