J’ai accompagné ma fille à sa dernière demeure en musique et en couleur


Le cœur de Léonie, dix ans et dix mois, a cessé de battre au terme d’une maladie incurable le 15 septembre 2018. Si, pour des parents, cette situation est un véritable contresens, il leur est encore plus difficile de devoir organiser les obsèques de leur enfant… Laurent, le papa de Léonie nous raconte ce jour si particulier.

Léonie repose dans un cimetière coincé entre les vignes de Châteauneuf de Gadagne, une petite commune du Vaucluse, et ce joli bois laissant la faune et la flore s’exprimer selon les saisons. Il nous aura fallu une semaine pour réussir ce tour de force en organisant les obsèques.

Les fleurs de vignes brillent comme nos yeux

Le 22 septembre 2018, 9h15. Un convoi de voitures suit le corbillard. Derrière son hublot arrière, nous voyons les gerbes de fleurs accompagnant le corps de Léonie. Durant des années, j’ai vu ma fille dans mon rétroviseur me sourire ou me faire un pouce levé pour me signifier que tout allait bien sur le chemin de l’école ou des vacances. Aujourd’hui, elle est devant moi, allongée dans cette boîte blanche et je ne la verrais plus jamais. Nous arrivons au village, tout près de sa nouvelle demeure. Les feuilles de vignes brillent au soleil, comme nos yeux.


Des chevaux en tenue de cérémonie, et celui de Léonie

Deux cents personnes environ sont là pour Léonie. Nous avons souhaité ouvrir la marche avec trois chevaux, la passion de Léonie. Deux cavaliers entourent un petit équidé non monté. Je reconnais alors l’animal qui avait accompagné notre fille pendant toute sa maladie. Les sabots frappent le goudron en entrant sur la route départementale bloquée pour l’occasion. Le convoi entame sa marche portée par la musique de ses professeurs du conservatoire d’Avignon/Le Pontet… Trombone et trompette, laissent leurs notes voler au-dessus du véhicule funéraire.

Un musicien et son piano sous les pins méditerranéens

En arrivant devant les imposantes grilles du cimetière, le silence s’impose. La voiture entre et se gare. Quatre hommes vêtus de noir descendent du véhicule pour s’emparer du cercueil. La marche reprend.

Léonie aimait la musique. A notre demande, les professeurs du Conservatoire ont organisé un hommage en musique. Au fond du cimetière, on aperçoit un musicien et son piano sous les pins méditerranéens. Des notes se mettent à nouveau à s’envoler et se mélangent au bruissement des feuilles. On reconnaît « Jealous de Labrinth ». Il est interprété par David, un ami Mexicain. Une façon de rappeler que Léonie a vécu cinq mois dans ce pays pour tenter un traitement… Mais, en vain.

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Des témoignages d’amour qui se succèdent

Léonie aimait la vie. Des chansons et des textes vont jalonner la cérémonie pour témoigner de sa force. Les témoignages se succèdent et rappellent que notre fille était une enfant juste bien et que, comme tout enfant, elle ne méritait pas de partir si vite. Après la maîtresse d’école et un ami, c’est à mon tour de lire un texte. Ma voix tremble mais ne lâche pas. Je m’étais répété les jours passés qu’il était impossible de flancher devant ma fille courage après nous avoir témoigné une telle force face à la maladie. C’est un signe. Elle guidera nos vies.

Mon récit n’est pas terminé que les yeux se lèvent pour voir des ballons prendre leur envol dans un ciel bleu de fin d’été. Roses et blancs, des dizaines de ballons s’échappent dans les airs alors que David, le musicien, reprend des mélodies chantées à Léonie lors de son séjour au Mexique.

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Cinquante papillons de couleurs prennent leur envol

Puis c’est le silence.Les enfants sont invités à se regrouper autour du cercueil.

Un homme s’approche et distribue des petites boîtes dans lesquelles des papillons attendent d’être relâchés. Cinquante papillons aux couleurs variées prennent alors leur envol. Certains fuient, quand d’autres trouvent leur place près de Léonie.

David reprend la musique. Des dizaines de roses blanches sont distribuées aux proches. Leur laissant le temps de les déposer une dernière fois à Léonie, installée dans le caveau. Les étreintes sont nombreuses. L’émotion ne se quantifie plus dans de tels moments. On ne voit plus les visages qui vous accompagnent, on ne voit plus que la lumière du jour qui vous guide et vous empêche de tomber. Tous les cœurs présents dans la ronde sont déchirés de tristesse et de douleur. Il est l’heure de partir.

La vie et l’amour plus fort que tout !

Catherine, mon épouse, et moi-même n’avons pas souhaité rester sur une note triste. A la sortie du cimetière, la foule a donc retrouvé des couleurs et des instruments avec la Coco Fanfare venue de Montpellier ! La route départementale a alors été remontée en sens inverse et c’est au château de l’Arbousier que les convives ont été invités au verre de l’amitié accompagnés par des musiques qui sans aucun doute auraient fait danser notre regrettée Léonie !

Le papa de Léonie a publié un ouvrage pour partager son témoignage :
« C’était un 9 juin » Laurent Savary

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