Depuis sa reconversion professionnelle il y a deux ans, Laurent, responsable des pompes funèbres La Belle étoile et officiant laïque de funérailles, a organisé plusieurs cérémonies d’obsèques pour des défunts trisomiques ou polyhandicapées. Il partage avec nous les spécificités des obsèques dans le cadre d’un handicap.
Une cérémonie qui s’affranchit des conventions
Trop souvent, lors de l’organisation de la cérémonie funéraire, la famille du défunt est dans la retenue. Peut-on vraiment demander aux gens de s’habiller selon un code couleur ? Que va penser l’assemblée de la musique choisie ? Le besoin de répondre à une norme sociale en matière d’obsèques les empêche de sortir des codes pour organiser un hommage qui ressemble au défunt.
Chez les proches d’une personne trisomique ou polyhandicapée, qui ont fait face à la stigmatisation du handicap et aux préjugés, on ne retrouve pas cette peur du regard des autres. Ils se sont déjà affranchis des attentes conventionnelles et ont fait le tri dans leur entourage.
D’ailleurs, ces cérémonies se déroulent, le plus souvent, en petit comité. Elles rassemblent un cercle restreint de proches qui ont partagé de près les moments de la vie du défunt.
Des fraises tagada, le Sunlight des tropiques, Capitaine Flamme…
Libre du regard des autres, les familles optent davantage pour des obsèques personnalisées. « Pour un grand fan de génériques de séries télévisées des années 80, nous avons mangé des fraises tagada en écoutant les musiques de Dallas et de Capitaine Flamme. Plus récemment, une famille a choisi de passer du Gilbert Montagné et une autre du Sardou. Le Sunlight des tropiques, Les Lacs du Connemara… Ce ne sont pas les morceaux les plus habituels que l’on nous demande de diffuser lors d’un enterrement. Mais qu’importe ! Ce sont ces choix si particuliers, fidèles aux défunts, qui parlent à tout l’entourage« , explique Laurent Guigue.
Rendre hommage sans tomber dans le pathos
Les parcours de ces défunts sont atypiques. Ce sont des personnes qui ont été prises en charge par leur famille ou par des institutions. On ne peut pas retracer leur existence de la même manière qu’on le ferait pour un autre défunt. Il peut alors être intéressant d’inviter une personne qui a été en charge du défunt à prendre la parole. « Une collaboratrice, maître de cérémonie, qui vient parfois travailler avec notre équipe, avait été aide-soignante dans une maison pour polyhandicapés pendant plusieurs années. Elle s’était occupé du défunt et devant la sépulture, c’est elle qui a tenu à lire le texte. Un moment fort en émotions et lourd de sens pour la famille. »
« Il est aussi possible d’illustrer leur vie par un poème sur le thème de la différence plutôt qu’un texte générique lu habituellement lors des funérailles« , confie le directeur des pompes funèbres La Belle étoile.
Lors de ces accompagnements, une chose reste certaine : pour les familles, le plus important est de ne pas masquer les difficultés rencontrées sans pour autant tomber dans le pathos.
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