Quelle que soit leur religion, les rites funéraires gitans sont marquées par une forte présence de la communauté ainsi que par la nécessité impérative de marquer une coupure nette entre le monde des vivants et celui des morts.
Les morts sont veillés trois jours et trois nuits, on vient souvent de très loin pour prendre part à ces veillées. On pleure beaucoup, mais on ne parle pas du mort, dont le nom ne pourra plus être prononcé pendant un an. La symbolique du feu est très présente : nombreuses bougies, feu de camp… jusqu’à mettre le feu aux biens du défunt !
Selon la tradition gitane, posséder les affaires d’un mort portait malheur
Dans les rites funéraires gitans, une coutume ancienne interdit en effet de conserver les affaires d’un mort, à l’exception d’un ou deux petits objets sentimentaux pour ses plus proches. On enterrait traditionnellement les gens avec certaines de leurs possessions : instruments de musique, objets, cigarettes, bijoux et même de l’argent. Leur roulotte était brûlée avec les objets restants, car posséder les affaires d’un mort portait malheur : l’âme du défunt doit rester dans le monde des morts, si ses affaires lui survivent ici-bas, il pourrait être tenté de revenir.
De nos jours, la caravane est souvent vendue à l’extérieur de la communauté plutôt que brûlée, et l’argent ainsi récolté est utilisé pour financer la tombe, richement ornée. Il reste courant de ne pas conserver les biens et d’en détruire une partie.
Comment nous inspirer des rites funéraires gitans ?
Réinventer la veillée & s’intéresser à l’héritage immatériel
La pratique des veillées funèbres s’est largement perdue dans notre société. Ceux qui souhaitent réinventer ces temps de passage collectifs, s’ils ne l’organisent pas dans leur propre maison (lire notre article pour savoir comment organiser une veillée), se heurtent souvent à des difficultés pratiques : rares sont les lieux qui offrent un accès libre, prolongé et peu contraignant à un cercueil et à une assemblée. Pendant le confinement, il était évidemment impossible d’organiser de telles réunions.
En revanche, on peut imaginer pour plus tard des cérémonies souvenirs, des veillées autour d’une urne ou d’un autel symbolique. Pourquoi pas sur plusieurs jours, un week-end entier par exemple, pour prendre le temps d’être ensemble et de partager.
Vider une maison après un décès
Concernant l’héritage, notre conception est radicalement différente de la manière gitane. Mais vider les demeures des morts n’est pas une mince affaire ! Nous sommes presque tous amenés, dans les mois qui suivent le décès d’un proche, à réfléchir à une destination pour ses objets.
Lesquels conserverons-nous ? Pendant combien de temps ? Que nous apportent-ils ? Quelle est leur valeur sentimentale ?
Ces choix sont très personnels et touchent à de nombreux paramètres. Certaines affaires ne peuvent ni être remises en circulation, ni être gardées, il est alors parfois très aidant de les brûler. Et si ne pas nous surcharger avec les effets matériels des morts pouvait nous aider à intégrer autrement leur présence, à nourrir notre lien intérieur avec eux ?
Florence Plissart est poète et artiste. À travers « L’Aventurine, des croquis de vie à l’encre vive », elle propose de rendre hommage à votre défunt en le racontant d’une façon originale et artistique.
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