Les professionnels du secteur funéraire attendent toujours leurs masques et équipements de protection. Quand la mesure sera t-elle prise ?
« Je travaille la boule au ventre. Mon entreprise n’a pas assez de masques pour nous permettre d’en porter lors de chaque transport. Ils sont réservés aux cas Covid-19, quand nous venons cherchez le défunt pour la mise en bière. Le reste du temps, nous économisons les stocks et courons des risques. Qui me dit que je ne suis pas au contact d’un malade sans le savoir ? On ne teste pas tout le monde, ni les défunts ! « , lâche Jonathan, porteur-chauffeur qui a installé sa femme et ses enfants dans sa belle-famille par peur de les contaminer.
Le 24 mars dernier, le Haut Conseil de la Santé Publique a émis un nouvel avis qui a suscité l’incompréhension et la colère des professionnels des pompes funèbres. Alors que la toilette rituelle du défunt, infecté par le COVID-19 était proscrite depuis le 18 février, car estimée dangereuse, elle est à nouveau possible « avec protections adaptées (lunettes, masque chirurgical, tablier anti-projections, gants à usage unique) ». Par ailleurs, le défunt peut être présenté à la famille, « en laissant la housse ouverte sur 5 à 10 cm à la hauteur du visage ».
Pour signer la pétition lancée par les professionnels du funéraire pour bénéficier des équipements de protection individuelle, c’est ici
71% des professionnels du secteur funéraire disent ne pas disposer d’assez de masques !
Seul bémol : les professionnels ne figurent pas sur la liste des professions à risque dû au Covid-19 et ne sont donc pas protégés ! 71% des professionnels du secteur funéraire disent ne pas disposer d’assez d’équipements de sécurité, selon un récent sondage réalisé par Meilleures Pompes Funèbres et Happy end. « Cet avis a jeté un énorme trouble, explique Richard Féret, directeur général délégué de la CFPM (Confédération nationale des pompes funèbres et de la marbrerie).
Difficile pour les professionnels de comprendre qu’une situation considérée comme hautement contagieuse un jour devienne anodine le lendemain. La filière tient à agir au mieux pour les familles et sait que la présentation du corps peut aider à ancrer le processus de deuil, mais sans équipement, il va y avoir un blocage. Il ne faut pas oublier qu’ils sont les derniers acteurs de la chaîne sanitaire« , alerte Richard Féret.
Sur les réseaux sociaux, ils sont nombreux à manifester colère et incompréhension. « Les professionnels du funéraire sont les grands sacrifiés du système. On ne leur donne pas les moyens d’agir, et ils ne sont ni reconnus, ni soutenus. Cela s’explique en partie par la peur irrationnelle à laquelle ils nous renvoient en intervenant au plus près de la mort », analyse Hélène Romano, psychologue.
Le funéraire, enfin reconnu comme un métier à risques
Hier, Camille Chaize, Porte-parole du ministère de l’Intérieur a annoncé l’inscription des professionnels du funéraire sur la liste des bénéficiaires prioritaires des équipements de protection. « Une bonne nouvelle mais combien de temps faudra t-il attendre avant sa mise en place ? Beaucoup de nos affiliés n’ont pas de masques, ni de blouses.
Dans quel délai les Agences Régionales de Santé vont-elles pouvoir équiper les professionnels ?« , s’inquiète Anthony Fallourd, directeur général du réseau Funéplus qui compte près de 700 points de vente en France. Il s’interroge aussi sur les possibilités d’accueil des enfants des professionnels confrontés à des difficultés de garde, au même titre que les soignants.
- A lire aussi : Les professionnels du funéraire tire la sonnette d’alarme
Compte tenu du pic de décès annoncé, les préfectures et la Direction Générale des collectivités locales sont sur le pied de guerre et exigent de connaître les capacités de prise en charge des entreprises funéraires. Nombre de véhicules, capacité de leur funérarium et crématorium, stock de cercueils disponibles… Les professionnels sont sommés de dresser leur inventaire. Si le secteur funéraire doit se tenir prêt à gérer des décès massifs, il serait temps que leur demande de masques soit entendue…
À lire
- Covid-19 et funéraire, les leçons à retenir
- Covid-19 : un manque de places criant dans les cimetières