Patricia Darré vit entre les vivants et les morts. Il y a vingt ans, cette journaliste et animatrice radio s’est fait réveillée par une voix en pleine nuit qui lui a demandé de se lever pour écrire. Elle rédige alors « en pilote automatique » un message qui l’informe qu’elle a été nommée pour faire le lien entre notre monde et celui de l’au-delà. Bouleversée, elle croit d’abord devenir schizophrène, prend rendez-vous avec un psychiatre avec qui elle déterminera qu’elle a des capacités médiumniques. Une nouvelle vie s’offre alors à elle. Contrairement à de nombreux médiums, elle n’en a jamais fait un métier. « Être médium, c’est une capacité qui me permet juste d’aider les autres », explique-t-elle. Interview
Pourquoi la mort nous fait-elle si peur ?
Patricia Darré : Dans notre société occidentale, on ne parvient pas à assimiler la mort comme quelque chose de naturel. On la vit comme une punition, alors qu’on naît tous pour mourir ! La mort renvoie à l’idée de séparation, une douleur qui semble tellement insoutenable qu’on préfère en faire abstraction. Elle a pourtant un rôle à jouer dans nos existences : elle est le point de départ d’une métamorphose. On vient de quelque part, on va quelque part…
Il y aurait donc une vie après la mort ?
Patricia Darré : Pour moi, cela ne fait aucun doute. Et il n’y en a pas une mais plusieurs ! On a tendance à visualiser nos défunts comme des anges, avec des ailes, qui volettent jusqu’à l’éternité, au milieu des nuages ! Cela n’a rien à voir. La mort est un passage : on fini un parcours sur terre, on en entame un nouveau, dans une autre dimension. Prendre conscience de cela, c’est la clé pour vivre pleinement, se libérer de ses peurs et s’élever spirituellement.
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Beaucoup de gens vont voir des médiums pour entrer en contact avec leurs proches décédés. Est-ce une bonne idée ?
Patricia Darré : Cette démarche peut aider à avancer. Mais il faut en faire un usage modéré. Certaines personnes passent leur vie chez des médiums dans l’attente d’un message. On est entrés dans un consumérisme de l’au-delà… Faire son deuil est aussi un choix, certaines personnes ne veulent pas en sortir, elles peuvent rester toute une vie dans cette posture. Certes, il faut de la volonté et du courage pour se relever d’une telle épreuve mais on en a tous et toutes les capacités.
Ecoutez le podcast d’Anne Tuffigo, médium qui reçoit beaucoup de personnes en deuil
Quel(s) message(s) les défunts cherchent-ils à faire passer ?
Patricia Darré : Les messages des défunts sont très simples, bourrés de bon sens. Ce n’est pas parce qu’on passe de l’autre côté qu’on acquiert la sagesse d’un moine tibétain ! Certains défunts souhaitent simplement faire savoir qu’ils sont là, qu’ils sont vivants, qu’ils nous aiment. Juste pour nous prouver que le lien demeure et nous donner la force d’avancer. D’autres nous invitent à « aimer et agir ». Aimer veut dire embrasser la vie, se bouger et évoluer en faisant le maximum de bien autour de nous. La mort de nos proches est un enseignement qui permet à notre âme de grandir plus vite. La métamorphose ne se fait pas en quelques jours. Elle passe par la douleur, la tristesse, voire même de la colère mais avec le temps, elle va nous aider à regarder le monde différemment, à nous élever. Et à devenir acteurs de nos vies.
A quoi reconnaît-on un bon médium ?
Patricia Darré : Le bon médium n’est pas celui qui reçoit du matin au soir, ni celui qui délivre des messages à chaque consultation. Les morts ne se déplacent pas sur commande ! Personnellement, je refuse de les invoquer. Ils savent faire appel à nos capacités médiumniques quand ils ont un message important à délivrer. Il faut aussi se méfier des médiums qui demandent une photo du défunt. Ceux-là n’ont, souvent, pas les capacités d’entrer en contact avec les esprits. Ce sont, dans la plupart des cas, des mentalistes qui se contentent de lire à travers une photographie.
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Comment sait-on que le contact est établi ?
Patricia Darré : Certains médiums vous disent un tas de choses mais vous ne ressentez rien. Quand une force se présente dans la pièce, on le ressent dans tout son corps. Le médium sert alors à faire le lien entre l’énergie du défunt et celui de la personne vivante. Et cela suffit souvent à redonner foi en la vie.
Comment être réceptif aux signes que nos proches disparus nous envoient ?
Patricia Darré : Les vrais signes sont souvent très cocasses, inhabituels. Un papillon qui ne vous quitte pas pendant des heures, un pivert qui va cogner, de façon insistante, à votre fenêtre, la phrase d’une chanson qui va arriver à vos oreilles alors que vous n’étiez absolument pas attentif à la musique. Il ne faut pas chercher à tout prix une signification particulière à ces signes. C’est juste une façon de dire : « coucou, je suis là ». Parfois, les défunts se rappellent aussi à vous par une visite nocturne. Vous sentez alors une caresse sur votre visage, une main dans vos cheveux, une présence très forte, l’odeur d’un parfum. Ces manifestations ont très souvent lieu entre 3 et 4 h du matin, heure où un pont vibratoire ouvre la porte à l’au-delà.
Comment accompagner nos proches à partir plus sereinement ?
Patricia Darré : En étant serein soi-même. On a tellement de mal à appréhender la mort qu’on culpabilise beaucoup dans les derniers moments. On pense, par exemple, qu’il faut, à tout prix, rester au chevet du mourant. Beaucoup de gens me contactent car ils ne se remettent pas d’avoir raté le départ de leur proche. Mais les défunts profitent souvent d’un court moment de solitude pour partir. Notre désarroi et notre tristesse les retiennent. Seuls, ils se sentent plus libres de prendre leur envol.
Vivent-ils, à nos côtés, sans qu’on s’en rende compte ?
Patricia Darré : Ils sont en lien permanent avec nous malgré la distance. Ils nous donnent de la force, nous insufflent des rêves qui ont un sens. Par amour, ils tracent le chemin qui est fait pour nous. Ce sont nos meilleurs anges-gardiens.
Découvrez les livres de Patricia Darré : « Il y a quelqu’un dans la maison » et « Les lumières de l’Invisible », éd. Michel Lafon, 17;95 € et « N’ayez pas peur de la vie », éd. J’ai Lu, 6,70 €.
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