Comment je vis mon deuil après la perte de mon chat


Sandrine nous raconte le chemin de deuil qu’elle a fait depuis la perte de son chat Kikise, alors même que le deuil d’un animal reste un sujet tabou.

« On parle beaucoup de deuil mais jamais de celui  que l’on vit suite à la mort de nos animaux de compagnie. C’est pourtant ce que j’ai vécu et que je vis encore depuis la perte de notre chatte Kikise il y a un peu plus d’un mois.  J’ai l’impression que les gens s’autocensurent, sur le sujet, craignant le regard des autres. Je n’ai pas peur de dire que j’éprouve une profonde tristesse. Tous les soirs, en rentrant à la maison, je m’attends à voir Kikise derrière la porte. J’entends encore ses pas. Elle a laissé un vide abyssal dans ma vie.

Deuil d’un chat : ces petits rituels qui manquent…

Quand nous avons adopté Marquise en 2003, je n’avais jamais eu d’animaux, à part des poissons, petite.  Et je ne savais pas encore que ma vie allait être changée à jamais.  A 7 ans, elle venait d’être abandonnée par un couple en plein divorce. Cela avait enclenché chez elle des troubles du comportement alimentaires. Très vite, il y a eu tous un tas de petits rituels. Le rituel du matin au lever avec un long câlin, le petit-déj en duo, le brossage de Madame sans oublier son accueil de bienvenue le soir quand je rentrais du boulot.

Je suis nullipare aux yeux de l’état civil, mais avec Marquise, je suis devenue maman. D’ailleurs, face à la société qui ne comprenais pas qu’à 40 ans, mariée, je n’ai pas d’enfant, je répondais souvent que j’ai une fille, oui c’est une chatte. Oui, je transfère, et alors ? C’est ma façon à moi de dire qu’il y a autant d’histoires de filiation que d’être humains.

  • Solange Strougmayer, célébrante de vie et cérémoniante laïque, peut vous accompagner dans la création de rituels de deuil pour dire au revoir à vos animaux

Ma chatte m’a aidée à exorciser mes blessures

Dès son entrée dans ma vie et au fil des semaines, un lien très fort s’est tissé entre Kikise et moi. Au départ, je dois reconnaître que je n’avais pas les bons gestes avec elle et je ne m’en rendais pas compte. J’avais beaucoup de violence en moi et il m’arrivait de lui imposer mes choix sans prendre en considération ni ses envies ni ses besoins. Ses griffures face à cette intrusion dans son intégrité ont été un puissant révélateur et m’ont montré que le respect de l’autre, du vivant était fondamental. Je n’avais pas les clés et elle m’a aidé à grandir, à exorciser mes blessures. Peu à peu, par sa seule présence et par le miroir grossissant qu’elle m’a tendu en toute bienveillance, j’ai entamé une métamorphose. Je me suis reconnectée à la douceur et à l’amour qui sommeillait en moi. Je peux dire qu’on était connectées, d’un amour pur et authentique.

On a veillé notre chat pendant 3 jours et entamé notre chemin de deuil

Quand on a su mon mari et moi que son état était critique, ça nous a bouleversé. On l’a veillé pendant trois jours. On lui parlait beaucoup, lui expliquions ce qu’on faisait. Au bureau, mes collègues se sont montrés très à l’écoute. Me connaissant bien, ils savaient ce que représentais cette perte. En revanche, j’étais incapable de parler à ma famille de l’état de Kikise. Je voulais rester dans ma bulle, ne pas rendre encore plus réel ce qui était en train d’arriver. La fin a été très difficile. Son état s’aggravait. Elle miaulait beaucoup, son regard devenait vitreux, son corps se tendait. Mais on se sentait responsables. C’était notre rôle de l’accompagner dans ces derniers instants.

Lors d’un moment de grand désespoir, alors que je doutais de ma capacité à tenir le choc, j’ai senti une grande force s’emparer de moi. Comme si Kikise m’aidait à affronter cette épreuve. Quand elle est morte, on l’a veillée, peignée, lavée. On l’a enroulée dans son plaid préféré et on l’a entourée de bougies. Puis, on l’a déposée chez le vétérinaire en demandant à ce qu’elle soit incinérée seule, dans une position particulière. Nous avons gardé ses cendres avec nous. Quand nous aurons déménagé, je les placerais dans un pot et y ferait pousser une belle plante. Aujourd’hui, Kikise est très présente dans mon cœur et je lui envoie beaucoup de pensées. Faire le deuil de mon chat n’est pas chose aisée. Mais je me sens apaisée. Je suis d’ailleurs étonnée de commencer à envisager d’adopter un chat. Je suis sûre qu’elle y est pour quelque chose…

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Commentaires ( 1 )
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  • CHAPURLAT

    Bonjour Madame,
    Je viens de lire le long message sur la perte de votre chatte.
    Je vous comprend tellement, moi Titibo n’avait que 7 ans et je l’ai retrouvé décédé derrière mon jardin mordu par un chien ou renard, le véto pense à un chien. Pourtant je l’avais cherché la veille avec une lampe et je suis passé à coté de lui à 50 cm mais je ne l’ai pas vu car il était derriere une petite haie et je n’ai pas eu le réflexe de regarder là car je ne voyais pas trop et je ne l’avais jamais vu à cet endrot. Je me pose tellement de questions etait il vivant a t’il souffert. Le véto me dit que non car dans ces cas la il a du faire un malaise cardiaque mais je ne serais jamais et ca tourne en boucle dans ma tête. Il était mon bébé comme la votre, il a su me donner tellement d’amour, m’a fait non pas oublier ma fille que je ne vois plus mais passer une acceptation tellement il était présent, me redonner confiance en l’humain car pour moi il était mon petit humain mon deuxième bébé, tellement tendre affectueux avoir moi; quand je l’ai eu il avait à peine 1 an je dirai il était à la rue. Tous le monde qui savait notre relation me disent qu’il a était très heureux avec moi ca je le sais. Mais je n’ai pas pu le défendre au moment fatidique. On sait qu’un chat aime sortir dans son jardin chasser etc le temps fera son chemin mais je pense déménager car je le vois partout ou il avait ses habitudes, mon coeur saigne de pleurs. J’ose me confier à vous car vous comprenezma souffrance. Combien de temps comment avez tenu le coup? Nathalie