« Un pharmacien, c’est une oreille attentive, une personne à qui l’on se confie et dont on attend les conseils« , raconte Catherine Roupin, pharmacienne de formation devenue aujourd’hui planificatrice de fin de vie. “À la pharmacie, je passais beaucoup de temps à écouter et rassurer des personnes qui accompagnaient un proche en fin de vie. Je les aidais au mieux”. Le décès de son père va être un déclic. “Pendant ses derniers instants, nous avons eu une magnifique conversation. Nous avons pu parler de tout, sans filtre. Cet échange lui a permis de partir sereinement et moi de vivre mon deuil de façon plus apaisée”. Son concept est né de cette expérience positive : offrir aux gens qui sont à l’automne de leur vie la possibilité de planifier leurs dernières années mais aussi leur mort. “Je souhaite leur apporter de la sérénité dans cette période si angoissante et les aider à mettre en place les démarches nécessaires pour l’après au cas où demain tout s’arrête.”
Planificatrice de fin de vie : un métier nécessaire mais trop peu connu
“Quand je parle de mon métier, tout le monde est unanime. Prévoir son départ avant sa mort est plus que nécessaire”. Pourtant, peu sont capables de franchir le cap et d’entamer des démarches concrètes. “Prévoir ses obsèques, sa perte d’autonomie, la souffrance et la maladie est un exercice excessivement émotionnel », concède Catherine Roupin, fondatrice de Macaria en Belgique.
Une volonté grandissante de soulager ses proches
“Mon plus jeune client a une cinquantaine d’années et la plus âgée, 92 ans mais en moyenne, les gens me contactent après l’âge de la retraite ». Catherine reçoit également des personnes malades de tout âge. Toutes sont animées par l’envie de faire le nécessaire pour elles et leurs proches et d’entamer les démarches à effectuer après leur décès. “Je rencontre des gens géniaux et mon travail consiste à comprendre ce qui va les rassurer au plus vite. Pour certains, la priorité est de s’occuper de leur succession ou de trouver une place au cimetière, tandis que d’autres souhaitent se renseigner sur l’euthanasie ou simplement s’assurer de la garde de leur animal de compagnie après leur départ », explique cette entrepreneuse qui aide à prendre en main sa fin de vie.
Catherine reçoit parfois des demandes de la part d’enfants, inquiets que leurs parents n’anticipent pas leur décès. “J’ai créé des chèques cadeaux pour que mon service puisse être offert à un proche mais dans ces situations, je propose d’envoyer un mail, une vidéo, de la documentation car c’est aux personnes concernées de faire la démarche et on ne peut pas les forcer.”
Un service adaptable à chaque situation
Catherine propose plusieurs types d’accompagnement. La formule de départ consiste en un rendez-vous unique d’état des lieux dont ses clients ressortent avec un “Carnet de route”, mentionnant les différentes choses à préparer pour « vivre pleinement et mourir sereins ». “Cet entretien individuel est l’occasion d’aborder tous les points importants, du patrimonial à l’affectif, en passant par les enjeux médicaux, juridiques et pratiques. C’est ensuite à eux de remplir les documents et de consulter des experts si besoin.”
S’ils souhaitent prévoir leur fin de vie en détails, Catherine propose également des coachings sur plusieurs rendez-vous étalés dans l’année. “Encore une fois, l’idée est de se projeter dans l’avenir pour savoir ce qui n’est pas encore mis en place et de leur donner l’impulsion nécessaire pour agir », explique t-elle. Rédaction des déclarations anticipées, contact d’avocats, de notaires, conseils et écoute attentive… Catherine aide ses clients à récolter tous les documents qui seront utiles à leurs proches après le décès mais aussi leurs souhaits en matière de funérailles.
Planificatrice de fin de vie : elle veut inciter les gens à prévoir plus tôt
La planification de fin de vie n’est pas encore entrée dans les mœurs ! “On me contacte souvent quand il est trop tard. On m’a déjà appelé pour une personne qui était déjà dans le coma”. Pour permettre aux gens de vivre sereinement et de profiter de la vie, Catherine essaie toujours d’éviter l’urgence. Un père de famille a fait appel à ses services deux heures seulement après son passage à la radio. En quelques jours, tout était fait et cela l’a rassuré d’avoir tout mis en ordre pour ses enfants. “Lorsque l’on agit dans la panique et dans l’émotion, on fait souvent des erreurs. Le temps de la réflexion est important”, ajoute-t-elle.
Pour Catherine, la planification de fin de vie doit devenir un réflexe. “On prépare une naissance, un mariage. Cela devrait aussi être le cas avec la mort. Elle fait partie du cycle de la vie.”