Il y a 32 ans, Anne Ratier a choisi de donner la mort à son fils Frédéric, lourdement handicapé depuis sa naissance. Elle raconte qu’elle a passé les trois premières années de la vie de son fils à tenter de l’éveiller. Il était né sous césarienne après un arrêt cardiaque, et Frédéric était dans un état végétatif. Entre lui et elle, « c’était fusionnel ».
« Il allait avoir 3 ans. Il serait allé dans un centre spécialisé, aurait été calmé à coup de valium et de neuroleptiques, sans pouvoir se mouvoir ni manger. Qui supporterait cette vie là ? »
Anne Ratier n’a jamais regretté son geste
Pour l’expliquer, Anne Ratier a d’ailleurs publié un livre intitulé J’ai offert la mort à mon fils.
Sur Twitter, la vidéo de son témoignage sur Konbini créé une avalanche de réactions des internautes. Certains la qualifient de monstre, d’assassin.
Anne Ratier, un monstre ?
« À ma naissance, les médecins ont dit à ma maman que je serai un légume. Si elle avait fait le choix de Anne Ratier, je serais mort. À la place, elle a décidé de se battre pour moi, et aujourd’hui j’achève un Bac+5 en droit. Vos apologies de meurtres mettez les vous dans le fion. »
« Cette histoire d’Anne Ratier, c’est quand même dingue. Les types diffusent des images de L124 parce que les animaux sont des êtres sensibles, mais l’assassinat d’un enfant capable de rire et de ressentir, c’est l’ouverture d’un débat sur l’euthanasie des handicapés. »
« L’histoire d’Anne Ratier est dégueulasse, si t’aimes ton gosse tu te bats pour lui et tu ne le tue pas. En plus à 3 ans le cerveau d’un enfant n’est pas formé, il aurait peut être pu évoluer. »
D’autres appellent à l’apaisement en justifiant son geste par un non choix.
Ou une mère qui n’avait pas d’autre choix ?
« Sérieusement vous faites les choqués avec Anne Ratier mais si vous apprenez que votre gosse va être un légume à la naissance vous faites quoi ? Vous avortez. Sauf que là comme le gamin était sorti ça choque c’est bon arrêtez. »
« 99% des gens qui critiquent Anne Ratier, n’ont jamais eu d’enfant handicapé et ne l’ont jamais été (au stade de Frédérique, l’enfant de Anne), vous parlez comme si vous aviez ce choix devant vous alors que personne ne vous a rien demandé. »
Anne Ratier conclue en disant qu’elle n’est pas « heureuse mais sereine car il ne souffre plus ». Et demande à ce que les gens se mettent à la place de Frédéric. « Auraient-ils supporté de vivre dans cet état ? »
Le suicide assisté toujours interdit en France
Son témoignage relance le débat sur la fin de vie et l’acharnement thérapeutique, à ce jour surtout porté par le cas de Vincent Humbert et de sa mère qui l’avait aidé à mourir suite à de nombreuses demandes de sa part. Devenu tétraplégique, muet et presque aveugle suite à un accident de voiture, Vincent réclamait le droit de mourir et avait d’ailleurs publié Je vous demande le droit de mourir. Sa mère avait bénéficié d’un non lieu en février 2006.
Si la loi Claeys-Leonetti instaure un droit à la sédation profonde et continue jusqu’au décès pour les malades en phase terminale, elle n’autorise ni l’euthanasie ni le suicide assisté. En septembre 2018, le Comité consultatif national d’Ethique a affirmé que la loi ne devait pas être modifiée mais a insisté sur « l’impérieuse nécessité que cette loi soit mieux connue, mieux appliquée et mieux respectée ». « Une fraction de personnes estiment que la fin de vie relève d’une décision individuelle. Nous n’allons pas jusque-là. Mais il faut explorer le plus loin possible cette loi et obtenir impérativement un plan de développement des soins palliatifs avec le budget ad hoc. »
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