Le deuil bouleverse une vie. Mais pour certaines personnes, il peut devenir un moteur de transformation intérieure et même professionnelle. La reconversion après un deuil est un chemin exigeant, mais porteur de sens. De plus en plus de femmes et d’hommes choisissent de se former pour accompagner les endeuillés, après avoir eux-mêmes vécu une perte. Voici deux témoignages qui illustrent avec force ce passage de la douleur à la vocation.
Laurence : « Le deuil fait partie de mon ADN »
Laurence a été confrontée à la mort très tôt dans sa vie. À seulement 13 ans, elle a accompagné sa mère jusqu’à ses derniers instants. Plus tard, à 30 ans, elle est devenue orpheline de père et de mère. Ces pertes successives ont façonné sa perception du deuil et l’ont poussée à se former pour en faire son métier.
« Le deuil et l’accompagnement de fin de vie font presque partie de mon ADN. Mais j’ai réalisé que, même si j’avais vécu des deuils, cela ne me rendait pas automatiquement capable d’accompagner. Avant d’entamer une reconversion dans le deuil, j’ai dû faire un travail sur moi, soigner mes propres blessures pour pouvoir aider les autres sans projeter mon histoire sur la leur. Lorsque je reçois quelqu’un, qui a perdu une mère, un père ou une grand-mère, les résonances avec ma propre histoire sont closes. »
Après onze années de bénévolat et une formation en accompagnement de deuil, elle est devenue thérapeute. Son vécu, loin d’être un obstacle, est aujourd’hui une force qui lui permet de comprendre profondément les émotions des endeuillés qu’elle accompagne.
« Lorsque je suis face à quelqu’un qui a perdu un parent, un enfant ou un proche, je sais ce que cela représente. Pas parce que je l’ai appris dans un livre, mais parce que je l’ai vécu. C’est cette compréhension intime qui me rend apte à les guider. »
Laurence insiste sur l’importance de ce lien unique :
« Quand on plonge dans l’histoire d’un endeuillé, on ressent avec lui, mais on garde toujours un pied au bord du puits pour l’aider à remonter. C’est ce que j’offre : un espace d’écoute empreint d’humanité et de sérénité. »
Aujourd’hui, Laurence accompagne de nombreux endeuillés mais est aussi présidente de l’Association Vivre son deuil Europe et intervient dans trois de nos formations deuil.
Sophie : « Ma propre expérience me rend plus légitime »
Pour Sophie, la mort a frappé à plusieurs reprises : la perte de son père, puis celle d’un homme qu’elle aimait profondément. Ces deuils l’ont confrontée à des émotions puissantes, mais aussi à un constat : l’entourage ne sait pas toujours comment réagir face à la souffrance.
« J’ai souvent ressenti une solitude immense. Les mots manquent, les gestes sont maladroits. Alors qu’une oreille attentive peut tout changer. »
Devenue coach spécialiste du deuil, Sophie a découvert combien son vécu personnel pouvait être une ressource précieuse :
« Quand j’accompagne une personne en deuil, je ne fais pas que l’écouter. Je comprends ce qu’elle ressent parce que je suis passée par là. Cela ne fait pas de moi une experte du deuil en général, mais cela me donne une légitimité particulière auprès de mes patients. »
Elle se souvient d’un accompagnement marquant : celui d’une jeune femme ayant perdu son bébé à la naissance.
« Cette femme était submergée par des injonctions comme : “Tu en auras un autre, passe à autre chose.” Elle refoulait son chagrin, incapable de s’autoriser à ressentir sa douleur. Je savais exactement ce qu’elle vivait, car j’avais déjà ressenti ce même type de pression après un deuil. Mon expérience m’a permis de l’aider à libérer ses émotions et à avancer. »
Sophie insiste sur le fait qu’un vécu personnel, bien travaillé, devient une richesse pour accompagner les endeuillés :
« Vivre un deuil, c’est connaître l’indicible. Et quand on a traversé cette épreuve, on devient capable d’offrir une écoute authentique, qui touche au cœur de la souffrance de l’autre. »
Cette écoute, Sophie la propose à travers des accompagnements individuels mais aussi des groupes de paroles et l’animation des Apéros de la mort à Paris.
Et si vous transformiez votre parcours ?
Si, comme Sophie et Laurence, vous envisagez une reconversion après un deuil ? Nos formations vous accompagnent à chaque étape de ce cheminement personnel et professionnel. Elle permettent d’acquérir les outils essentiels pour soutenir les personnes endeuillées avec écoute, empathie et compréhension profonde.
- Découvrir la formation professionnelle « Le deuil dans tous ses états »
- Consultez le rapport de l’INED sur le vécu de jeunes après le décès d’un parent