Rites funéraires : célébrer nos défunts dans la durée comme au Japon


L’urne est conservée 49 jours à domicile

Les rites funéraires au Japon comprennent différents cycles de cérémonies. Le premier est consacré au corps physique, tandis que d’autres rituels funéraires sont destinés à accompagner le voyage de l’âme jusqu’à sa réincarnation. La crémation est obligatoire, en dehors de quelques exceptions pour des régions reculées où ont perduré d’autres coutumes.

A l’issue de la crémation, la famille du défunt recueille ses fragments d’os avec des baguettes rituelles pour les rassembler dans une urne.

L’urne (lire notre article : choisir une urne originale) est ensuite conservée pendant 49 jours à domicile ou au temple avant d’être enterrée (dans beaucoup de traditions, c’est le temps supposé nécessaire à l’âme pour se séparer du corps physique).

En parallèle ont lieu à certaines dates des rituels pour commémorer le défunt et soutenir son âme dans son long voyage. Ils incluent des offrandes au temple ou à la maison, la récitation de prières et des repas commémoratifs.

Beaucoup de familles ont un autel des ancêtres à la maison (le butsudan) et font venir un moine à domicile pour assurer ces célébrations. Leur fréquence est décroissante mais perdure plusieurs années après le décès. Cette façon de faire offre par ailleurs aux vivants un temps conséquent et jalonné de nombreuses étapes pour faire leurs adieux et intégrer la réalité de la perte.


Festival O-bon : 3 jours pour les vivants et les morts

Le festival d’O-bon, tenu chaque année en été dans tout le Japon, est un temps fort de célébration qui rapproche pendant trois jours les vivants et les morts. On se retrouve en famille pour nettoyer les tombes et faire des offrandes. Des feux d’accueil sont allumés devant les portes pour que les esprits des ancêtres puissent retrouver leur maison. L’ambiance fait la part belle à des danses traditionnelles festives destinées à l’origine à réconforter les défunts. Le dernier jour, on allume l’okuribi, le feu d’adieu, souvent sous la forme de lanternes déposées dans les rivières ou la mer, afin de renvoyer les esprits dans l’autre monde.

A Kyoto, d’immenses okuribi de presque 200 mètres de long brûlent pendant une demi heure sur les collines entourant la ville. Ils symbolisent le passage à travers l’idéogramme dai (“grand”), une barque sacrée et un torii (portique marquant la transition entre un lieu profane et un lieu sacré).

S’inspirer des rites funéraires au Japon avec des étapes et des dates symboliques

Dans notre coutume occidentale actuelle, la journée de funérailles est souvent le seul moment où on peut célébrer le passage ensemble. La tradition japonaise nous rappelle que la mort et le deuil sont des processus longs (les 5 étapes du deuil selon Kübler Ross), que des rituels peuvent soutenir à chaque étape (faire appel à une ritualiste pour organiser une cérémonie souvenirs). Cela peut nous aider à mettre un peu de sens sur le bouleversement de nos propres habitudes funéraires : nous pouvons ainsi organiser des cérémonies différées, des temps de commémoration, prévoir des hommages et des gestes à des dates symboliques, …


Prendre le temps de choisir un lieu pour disperser les cendres

La tradition japonaise prévoit en outre, et c’est intéressant, un temps intermédiaire pour l’urne.

En France, on peut attendre pour choisir le devenir des cendres, et faire garder l’urne au crématorium ou auprès des pompes funèbres jusqu’à la date d’une cérémonie avec les proches et pendant un an maximum.

Dans les pays qui l’autorisent, comme la Belgique ou la Suisse, on peut également décider de la conserver chez soi, de manière temporaire ou non.

La fête des morts au Japon : un des rites funéraires les plus emblématiques

Du festival d’O-bon (assez proche dans son esprit de la fête des morts mexicaine), on pourra retenir des gestes rituels qui conservent une grande puissance d’évocation hors de la culture japonaise, comme les lanternes flottantes confiées à un cours d’eau (voir le tutoriel de fabrication en anglais). Notons que le jardin japonais d’Hasselt en Belgique organise chaque mois d’août une fête d’O-bon à laquelle le public est invité à participer.

Florence Plissart est poète et artiste. A travers L’Aventurine, des croquis de vie à l’encre vive, elle  propose de rendre hommage à votre défunt en le racontant d’une façon originale et artistique.

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