Suite au décès d’un.e ami.e, vous aurez peut-être envie de prendre la parole le jour de ses obsèques afin de lui rendre un dernier hommage. Si vous ne savez pas comment rédiger votre discours, vous pouvez vous inspirer de nos textes à lire pour l’enterrement d’un.e ami.e ci-dessous.
Nos morts continuent de vivre
Ne pensez pas que vous l’avez perdue, pensez que maintenant vous ne pouvez plus la perdre.
Consacrez-lui toutes vos pensées, tous vos actes, tout votre amour.
Vous verrez que les morts nous appartiennent si nous acceptons de leur appartenir.
Croyez-moi, nos morts peuvent continuer à vivre.
François Truffaut
Ne vous repliez pas
Ne le cherchez pas en arrière, ni ici, ni là, ni dans les vestiges matériels qui vous sont naturellement chers. Il n’est plus là. Il ne vous attend plus là. C’est en avant qu’il faut le chercher, dans la construction de votre vie renouvelée…
Soyez-lui fidèle là, et non point dans une sentimentalité rétrospective avec laquelle il faut avoir le courage de briser. Sa véritable trace n’est pas dans certaines manifestations de son activité. Leur disparition, même si douloureuse qu’elle puisse vous paraître, doit vous libérer, non vous déprimer. Non pas oublier, mais chercher en avant. Malgré tout ce que vous pouvez sentir ou croire, reconnaître avec évidence que votre vie doit se poursuivre. Je suis persuadé qu’elle commence.
Décidez-vous seulement à ne plus vivre dans le passé, ce qui ne veut pas dire que vous oubliez celui-ci, mais seulement que votre manière la vraie – de lui être fidèle doit consister à construire en avant, c’est-à-dire à être digne de lui.
Ne vous isolez donc pas. Ne vous repliez pas au fond de vous-mêmes. Mais voyez le plus possible vos amis. Donnez-vous. C’est ce don qui vous libérera et vous épanouira. Je voudrais que vous trouviez nombre de gens et de choses auxquels, noblement, vous donner.
Pierre Teilhard de Chardin
Je suis…
Ne restez pas à pleurer autour de ma tombe
Je ne m’y trouve pas, je ne dors pas.
Je suis un millier de vents qui soufflent.
Je suis le scintillement du diamant sur la neige.
Je suis la lumière du soleil sur le grain mûr.
Je suis la douce pluie d’automne.
Je suis l’envol hâtif des oiseaux qui vont commencer leur vol circulaire.
Quand tu t’éveilles dans le calme du matin,
Je suis le prompt essor
Qui lance vers le ciel où ils tournoient, les oiseaux silencieux.
le suis la douce étoile qui brille, la nuit.
Ne restez pas à vous lamenter devant ma tombe.
Je n’y suis pas; je ne suis pas mort.
Robert Louis Stevenson
Dans le cœur des roses rouges
Je vois ce qui n’est pas encore et ce qui reviendra, en plein hiver la nuit d’été. J’entends cette chanson que tu n’entendras plus. Sur la plus haute branche un rossignol chantait, chante rossignol, chante, toi qui as le cœur gai, moi je l’ai à pleurer.
Je n’ai pas le cour à pleurer, Ghislaine, enfin si, mais dessous les larmes il y a un rire, comme dessous la neige blanche il y a les roses rouges. Rien de cette vie n’est vain. Rien dans cette vie ne dépend de nous. Cette vie nous est donnée, et avec elle nous est donné bien plus que ce qui nous sera repris le jour de notre mort. Je me sens léger sous des tonnes de neige noire. je me sens souriant à l’heure de quitter ce livre. Il y a un temps pour parler et un temps pour se taire. Je vais traverser cet hiver en silence, on ne peut s’approcher d’une rose rouge qu’en silence. J’ai au cour un tourment de bois noir, je vais laisser tout ça virer au rouge et au clair.
Je n’ai aucun doute sur le lieu où tu es réellement : tu es cachée dans le cœur des roses rouges. Lorsque je vais au cimetière, je regarde ta tombe, elle est couverte de noms, je ne pense rien alors, je ne pense que des choses triviales, je me dis que tu es là à deux mètres sous mes pieds, deux mètres ou trois, je ne sais plus, et je ne crois pas ce que je pense, et ça vient d’un seul coup, ça vient lorsque je me retourne, c’est là que je te vois, dans l’amplitude et l’ouvert du paysage, dans la beauté sans partage de la terre et du grand ciel, toi partout à l’horizon, c’est en tournant le dos à ta tombe que je te vois.
Christian Bobin
Une autre présence
Je ne pense pas qu’un arbre cesse de vivre vraiment au moment où le bûcheron l’abat. Sans doute pour lui est-ce une autre vie qui commence, une vie inexprimée, une présence qui peut suffire à réchauffer le cœur des hommes.
Bernard Clavel
Être fidèle
Être fidèle à ceux qui sont morts,
ce n’est pas s’enfermer dans la douleur.
Il faut continuer de creuser son sillon, droit et profond.
Comme ils l’auraient fait eux-mêmes.
Comme on l’aurait fait avec eux, pour eux.
Être fidèle à ceux qui sont morts,
C’est vivre comme ils auraient vécu.
Et les faire vivre avec nous.
Et transmettre leur visage, leur voix,
leur message, aux autres.
À un fils, à un frère, ou à des inconnus,
aux autres, quels qu’ils soient.
Et la vie tronquée des disparus,
alors, germera sans fin.
Anonyme
Quand le mort quitte sa maison
Quand le mort quitte sa maison dans ce qui lui servira de dernière enveloppe, les pendules s’arrêtent.
L’arbre craque. Les rivières s’assèchent.
En même temps qu’il quitte son corps, il renaît dans le silence.
La vacuité. Cette couleuvre qui glisse hors de lui, c’est peut-être son âme.
C’est aussi la langue des pluies.
Et l’on entend son murmure déjà dans la flaque. Le sillon.
Le ru qui longe le champ.
Douter de cette parole, c’est douter du voyage.
Quelque chose traverse le ciel.
Pourquoi dire : « C’est un nuage!»
Dominique Sampiero
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