Les visions des mourants : un phénomène méconnu
« J’ai vu ma mère, là devant moi au bout de mon lit, habillée en Bretonne, avec sa coiffe sur la tête. Je sais qu’elle est décédée il y a plus de 20 ans. Mais je suis sûr de ce que j’ai vu. Je ne rêvais pas. »
L’homme qui s’exprimait ainsi – mon père – était hospitalisé en juin 2014 dans une unité parisienne de soins palliatifs. Certes, il vivait ses dernières heures, mais il avait « toute sa tête », comme durant toute sa vie. Par ailleurs, il ne ressentait aucune souffrance physique et ne prenait aucun médicament qui aurait pu altérer son discernement. Il fut d’autant plus troublé par sa vision qu’il était farouchement athée, très fermé à toute idée de réalité éventuelle, hors de notre vie terrestre.
Sa vision rejoignait pourtant celles d’autres personnes en fin de vie qui, quelques heures ou quelques jours avant de mourir, voient un proche décédé venir les chercher. Au cours d’un entretien, le chef de service de l’unité confirmera : « C’est hyper fréquent, j’ai même des patients qui tendent la main pour tenter de toucher cette vision ». Généralement les défunts se montrent vêtus de manière à pouvoir être reconnus. Pour la mère de mon père, décédée 25 ans auparavant, ce fut un vêtement traditionnel breton.
Il peut arriver que le malade ou la personne en fin de vie ignore que la personne apparue en vision soit déjà morte. Cela arrive notamment si elle est décédée récemment et que son entourage lui a caché le décès pour ne pas la perturber. Le phénomène de vision des mourants a beau être extrêmement fréquent selon plusieurs médecins spécialistes, il demeure méconnu.
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Une médiatisation grandissante des EMI
Les expériences de mort imminente (ou EMI) sont davantage médiatisées et souvent plus connues sous leur nom anglais : NDE (Near Death Experience). La culture occidentale en porte d’ailleurs une trace ancienne car le premier à en avoir fait le récit est Platon, dans « La République ». Le soldat Er y rapporta ce qu’il avait vu pendant son voyage dans l’au-delà.
Mais il faudra attendre 1975 pour avoir un panorama conséquent sur ces expériences de mort imminente. Le livre « La Vie après la vie », du médecin américain Raymond Moody, relate de multiples témoignages. Leur scénario est souvent le même. En état de mort clinique, la personne se sent sortir de son corps et s’engage alors dans un tunnel au bout duquel resplendit une lumière éblouissante. Elle ressent un profond sentiment de joie et d’amour, rencontre des proches décédées, assiste à une revue détaillée de sa vie, avant d’apprendre que ce n’est pas son heure et de retourner, souvent à regret, dans son corps et de reprendre conscience.
Les EMI observées par des études
À ce jour, il existe deux grandes études scientifiques menées sur les EMI. La première par le Dr Pim Van Lommel, cardiologue néerlandais auprès de 344 rescapés d’arrêt cardiaque en état de mort clinique (électrocardiogramme plat, cœur et respiration arrêtés). Interrogés dans une dizaine d’hôpitaux, 18% d’entre eux, ont rapporté avoir vécu une EMI. Les résultats de cette étude furent publiés dans la prestigieuse revue scientifique The Lancet.
La deuxième étude a été réalisée à l’initiative de l’université de Southampton, en Angleterre, auprès de 15 hôpitaux aux Etats-Unis et en Europe. Les résultats ont été publiés en 2014. 39% des patients interrogés y assurent avoir eu une « perception de conscience » de ce qui leur arrivait après leur arrêt cardiaque dont 46% des personnes ont des souvenirs d’images assez précises. Sam Parnia, le médecin en charge de l’étude, prend le cas d’un patient en exemple : « Le cerveau ne peut pas fonctionner quand le cœur a cessé de battre, dit-il. Mais dans ce cas-ci, l’état de conscience s’est poursuivi durant les trois minutes où le cœur du patient a cessé de battre, alors que le cerveau s’éteint généralement dans les 20 à 30 secondes après l’arrêt du cœur ».
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Les EMI intéressent aussi la France
Récemment, en France, un jeune médecin, François Lallier a réalisé sa thèse de doctorat sur les facteurs associés aux EMI, et notamment l’impact des médicaments habituels sur les EMI (son étude porte sur 118 cas d’EMI et sa thèse a reçu une mention très honorable avec les félicitations du jury). Ses résultats semblent démontrer l’absence de causes médicamenteuses et de pathologies psychiatriques ou encore neurologiques dans les EMI. C’est même le contraire qui se produit, moins on prend de médicaments et plus on a de chance de vivre une EMI. Il suggère que tout le monde vivrait une EMI lors d’un arrêt cardiaque mais qu’une minorité s’en souviendrait de la même manière qu’on se souvient ou non des rêves, et que finalement les médicaments diminueraient encore nos capacités de mémoire.
D’autres études sont actuellement en cours et il est intéressant de noter que les expériences rapportées comportent de nombreuses similarités partout dans le monde et quels que soient les contextes culturels ou les croyances des témoins.
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Des expériences partagées par les accompagnants
Il existe une autre forme d’expérience aux frontières de la mort, vécue par ceux qui sont au chevet d’un mourant, qu’on appelle EMP (Expériences de Mort Partagée). Parents, infirmiers, médecins, qui accompagnent des personnes dans leurs derniers instants sont témoins, au même moment, de faits troublants (lumière qui se dégage du corps du mourant, vision d’un autre monde, forte sensation d’amour, etc.). Ils vivent en quelque sorte le début de l’après-vie avec le mourant. Le Dr Raymond Moody relate ces expériences dans un de ses derniers ouvrages « Témoins de la vie après la vie ».
Ces expériences d’un autre genre, vécues par des personnes lucides, non malades, apportent du fil à retordre à certains scientifiques qui placent les EMI dans le domaine des hallucinations !
La théorie post-matérialiste suggère la survie de la conscience après la mort
Peut-on en conclure que la vie continue après la mort ? Malgré ces études, le scepticisme persiste parmi la majorité des scientifiques ! Il y a aujourd’hui une opposition entre scientifiques purement matérialistes, pour qui la conscience serait un ensemble de processus biologiques à l’intérieur du cerveau, et les scientifiques ouverts à d’autres paradigmes à l’instar du Dr Mario Beauregard. Ce chercheur en neurosciences est l’initiateur du manifeste pour une science post-matérialiste.
Selon le Dr Beauregard, les théories matérialistes échouent à démontrer comment le cerveau pourrait générer l’esprit. En revanche, plusieurs phénomènes observés notamment les EMI survenant durant un arrêt cardiaque, suggèrent que le cerveau agit comme un transcepteur de l’activité mentale. C’est- à–dire que l’esprit se manifeste à travers le cerveau mais qu’il n’est pas produit par cet organe.
Ce manifeste pour une science post-matérialiste conclue que les EMI survenant durant un arrêt cardiaque, combinées aux évidences provenant des études de médiums doués, suggèrent la survie de la conscience après la mort et l’existence de domaines de réalité qui ne sont pas physiques. Médecins neurologues, physiciens, biologistes, mathématiciens, des centaines de chercheurs reconnus dans le monde ont signé ce manifeste. Cela démontre ainsi l’ampleur de ce nouveau paradigme scientifique en gestation.
« La science doit être curieuse et oser poser ces questions qui jusqu’à récemment étaient des tabous » prône le Pr en neurologie Steven Laureys dans le film Et si la mort n’existait pas. En effet, cette question d’une éventuelle vie après la mort n’est-elle pas la plus importante que se pose tout être humain et ne mérite-t-elle pas que la science s’y consacre pleinement ?
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Valérie Seguin, est l’auteure du film Et si la mort n’existait pas (visible sur Youtube) et du livre Les trois jours et demi après la mort de mon père (Editions Les Arènes, 2015), un témoignage enquête aux frontières de la mort.
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